CARGILL

Quatre générations à l’usine

par Franck Jakubek
Publié le 16 janvier 2020 à 22:53 Mise à jour le 17 janvier 2020

D’abord le grand-père, puis ses oncles et son père, maintenant deux de ses fils. Pour Jean-Luc Bultez, la cinquantaine, l’usine Cargill d’Haubourdin c’est aussi une histoire de famille. Il y est entré à son retour de l’armée. Après Lever, où il fait ses stages pendant sa formation, il fait un peu d’intérim. «  Le Directeur des ressources humaines, à l’époque Monsieur Lesueur  », se souvient-il, lui signale des postes libres. Il est embauché en 1991.

« Depuis cinq ou six ans, il y a eu des restructurations. Mais nous ne nous attendions pas à une telle nouvelle. Pour tout le monde, c’est un cauchemar. Nous sommes sous le choc  ». A son âge, il n’est pas assez vieux pour bénéficier de certaines mesures et n’envisageait pas une reconversion si tardive. Le nez dans le guidon, il est investi auprès du syndicat et passe beaucoup de temps pour aider les collègues, les suivre dans les démarches. « Nous faisons le boulot, on ne laisse personne de côté  ». Ce jour là, trois autres sites étaient en grève en même temps et des collègues de Paris étaient venus les soutenir avec ses camarades au piquet de grève. « Nous recevons beaucoup de soutiens »évoque-t-il, agréablement surpris par la présence des anciens, des retraités, de cheminots...

Lire : Le combat des Cargill part sur le terrain judiciaire

Délégué CGT au CSE, il est souvent sollicité mais apprécie la mobilisation. « Nous avons une bonne convention collective dans la chimie, mais les conditions de travail sont assez rudes  ». Les nuits, les week-ends et jours fériés, il n’en profite pas toujours. Avec les 5 x 8, il travaille quasiment quatre week-end sur cinq. Il voit mal comment lui et ses collègues pourraient continuer un tel rythme jusque 64 ans ou au delà si la réforme des retraites était mise en œuvre. La pénibilité, n’est pas qu’un mot pour eux.