L’agriculture bio sera également présente au salon virtuel

Un autre modèle agricole plus facile à intégrer

par Marc DE LANGIE
Publié le 26 février 2021 à 11:12

La nouvelle version de ce rendez-vous annuel est aussi une occasion de parler d’agriculture biologique de façon différente.

Une bonne chose ou une mauvaise que ce salon virtuel de l’agriculture ? Pour Christophe Caroux, le président de Bio en Hauts-de-France, « c’est l’occasion de parler un peu plus de l’agriculture bio qui, cette fois, a le vent en poupe ». Toutefois, « il manquera le contact direct qui facilite les échanges et permet de bien expliquer nos techniques et nos productions ». Un changement de couverture « certes avec des reportages sur les grandes chaînes de télévision qui permettront de valoriser nos métiers et surtout de pouvoir communiquer car nos moyens restent faibles par rapport aux grands groupes qui ont des possibilités que nous n’avons pas ».

Des prix plus rémunérateurs

Au cours des dernières années, l’agriculture bio- logique s’est bien développée. « Nous sommes partis de très loin. Nous étions en queue de peloton au niveau national et au cours des cinq dernières années, les surfaces ont été multipliées par deux dans les Hauts-de-France » indique Christophe Caroux. Dans la région Hauts-de-France, 26 % des exploitations bio sont en grandes cultures, 22 % en maraîchage et 17 % en bovin-lait. « Ces chiffres s’expliquent par la conversion de nombreuses exploitations céréalières, principalement en Picardie, tandis que le maraîchage reste plus présent sur des exploitations moyennes du Nord- Pas-de-Calais, tout comme la filière bovin-lait, principalement dans l’Avesnois et le Boulonnais. » De nombreux industriels ont développé des filières bio, cela se voit en pommes de terre, en céréales et tout récemment en betteraves. Plus 40 % des industriels agro-alimentaires de la région proposent une gamme bio. Cela représente près de 350 industries dans les Hauts-de-France. Si les principaux transformateurs interviennent en fruits et légumes, on observe un développement dans des secteurs tels que les céréales, la viande, les produits avicoles ou encore le sucre. « Une progression qui s’explique par les incertitudes qui pèsent sur les filières mais aussi sur les prix, qui sont à la baisse. Dans ce contexte, beaucoup d’exploitants franchissent le pas ». Les prix sont plus rémunérateurs, la filière offre des perspectives « et cela démontre que le modèle conventionnel a atteint ses limites ». Et le président d’ajouter : « on a longtemps demandé aux agriculteurs de nourrir la population. Ce système a atteint ses capacités et un autre modèle se met en place qui est plus facile à intégrer. » Un atout pour la région : des terres fertiles et des industriels à proximité qui valorisent la production bio. C’est ainsi que le paysage bio évolue : l’augmentation du nombre d’exploitations passées en bio en grandes cultures et légumes de plein champ (+ 33 % entre 2018 et 2019) a surtout été observée dans le Cambrésis ainsi que dans le Béthunois. Une motivation qui s’explique par la valeur ajoutée plus importante. En maraîchage, le développement reste soutenu surtout par de nouvelles installations, dont 50 % sont situées dans le Nord. Un ralentissement des conversions a été observé dans la filière lait, en raison des incertitudes sur les aides mais aussi sur le temps de travail et un prix du lait en conventionnel qui se maintient. Enfin, les magasins de vente bio traversent une période d’adaptation : après la super croissance en 2017, l’heure est à une « restructuration ». L’importante concentration de points de vente en milieu urbain et la forte concurrence en sont la cause.

(Photo : © Marc De Langie)