© Marc De Langie
Méthanisation

Un processus technique et une adaptation des productions sur l’exploitation

par Marc DE LANGIE
Publié le 28 mai 2021 à 12:06

Produire du méthane nécessite un procédé de dégradation de la matière organique en absence d’oxygène. Des trois imposantes cuves installées, le méthaniseur occupe celle du centre. C’est le « moteur », qu’il faut alimenter à raison de 30 tonnes par jour de matière. Pour ce faire, environ 75 hectares de l’exploitation sont consacrés à des cultures (CIVE [1]) : seigle, triticale et vesce (des variétés fourragères). Cela représente 50 % de la matière. À cela s’ajoutent 25 % de pulpes de betteraves [2] et le reste en fumier (provenant d’exploitants dont les terres font partie du plan d’épandage) ainsi que des résidus de céréales et pommes de terre. L’ensemble de ces matières est stocké dans des silos couverts par bâchage. Toutes les matières entrantes sur le site sont pesées et déclarées aux autorités publiques et les contrôles sont effectués par la DREAL [3].

Ni bruit, ni odeur

Le travail du méthaniseur est de « digérer » environ 9 000 m3 de matière, soit autour de 11 000 tonnes par an. Les cuves sont chauffées grâce au biogaz (environ 2 % de la production). Il en sort un liquide (90 %) qui sera nettoyé et épuré, dont la majeure partie (54 %) sera modifiée en gaz de ville avec toutes les caractéristiques nécessaires pour être injecté dans le réseau (CH4). Le gaz est acheminé par un conduit de 400 mètres vers la canalisation principale et injecté avec une pression de 0,5 bar supérieure à la normale pour se joindre plus facilement au gaz de ville. Ce qui est non utilisable (le digestat) sera valorisé comme engrais et épandu sur une surface équivalente à 600 hectares. Il est analysé avant épandage. Au final rien n’est perdu. Le site construit à la sortie d’Haveluy (15 000 m2) consiste en trois grandes cuves de fabrication, et des silos de stockage. Aucune habitation n’est située à moins de 400 mètres et peu de nuisances sont constatées (ni bruit, ni odeur). Il fait partie d’un des nombreux sites construits dans la région des Hauts-de-France, l’une des plus dynamiques sur la méthanisation et le biométhane. Le nombre d’unités en fonctionnement est de 70 et une vingtaine sont en cours de construction. La production de biométhane est très demandée car la région est très urbanisée avec un réseau de gaz accessible.

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Notes :

[1CIVE : culture intermédiaire à vocation énergétique. Des variétés dites fourragères, non destinées à l’homme.

[2Pulpe de betteraves : les betteraves plantées sur l’exploitation sont livrées à la sucrerie d’Escaudœuvres pour la production de sucre et l’exploitant récupère les pulpes (résidus) le plus souvent utilisées pour l’alimentation animale.

[3DREAL : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.