Un salon de l’agriculture virtuel qui ne fait pas l’unanimité

par Marc DE LANGIE
Publié le 26 février 2021 à 10:56

La grande ferme de France ne se déploiera pas à Paris. C’est depuis leur salon ou encore par leur tablette ou ordinateur que les visiteurs partiront à la rencontre des agriculteurs. Un site internet (de la Région) est dédié à l’événement, tout comme une chaîne régionale de la TNT et une chaîne internet.

C’est une situation unique et la Région des Hauts-de-France, avec des partenaires, a décidé de mettre en ligne toute une programmation du 27 février au 7 mars avec reportages, interviews, débats et échanges. « Dès l’annonce de l’annulation du salon, explique Christian Durlin, président de la FDSEA du Nord [1], nous avons été sollicités par de nombreuses structures. Ce rendez-vous constitue la période de l’année où l’on parle beaucoup de l’agriculture, tant à la télévision qu’à la radio ou dans les journaux. De nombreux opérateurs interviennent dans ce cadre et cela ne génère que des avis positifs de la part des visiteurs comme des professionnels ». Un salon virtuel, « c’est un nouveau système pour communiquer et nous restons à l’écoute. Les échanges seront différents mais ils peuvent se faire. Cela ne remplacera jamais un salon avec les échanges, les produits, les animaux. Ce ne sera pas satisfaisant mais ces nouveaux vecteurs sont aussi au service de l’agriculture au sens large du terme et les échanges iront bien au-delà de la tenue du salon ». Malgré tout, cette initiative permettra « de mettre en exergue l’agriculture régionale » indique le président. « Ce que nous proposons ce n’est pas une agriculture sous cloche mais de rencontrer des paysans, et des paysans sur leur territoire » explique Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne. Ce syndicat a mis au point un programme national de 22 fermes avec des thématiques politiques et la participation d’élus, avec visites, échanges et débats. Au-delà, des opérations de «  fermes ouvertes » sont proposées pour faire découvrir le métier (dans le respect des gestes barrière) dont l’objectif est de montrer ce que c’est que d’être paysan aujourd’hui. Dans la région, quatre fermes dans le Pas-de-Calais, deux dans l’Avesnois ainsi que deux dans la Somme participent à cette opération. Pour ce syndicat, « quelle meilleure vitrine que le terrain et quel meilleur discours que nos pratiques ? ». Un salon virtuel « mais qui ne va pas changer grand-chose » dénonce cependant Carlos Descamps, président de la Coordination rurale du Nord. « On va encore mettre en valeur la belle grande ferme, de belles images et de beaux matériels neufs et chers. Et plus tard, on montrera les agriculteurs mécontents qui déversent de la paille devant des structures administratives ou des grandes surfaces ». Cet élu de la Chambre d’agriculture « regrette qu’on ait été avisé trop tard ». Ce rendez-vous original « aurait dû être l’occasion de rencontres. Il faut réconcilier le monde rural et le monde urbain en mettant en place une opération gagnant-gagnant. Il y a un équilibre à rétablir. Cela aurait été un moyen de faire comprendre les difficultés des exploitants face aux normes de plus en plus contraignantes ». Sans oublier « les enjeux de l’agriculture d’aujourd’hui ».

Notes :

[1FDSEA : Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles.