Économie circulaire

Une bière, ça se mange ?

par Justine Frémy
Publié le 27 décembre 2019 à 15:54 Mise à jour le 19 janvier 2021

Aussi surprenant que cela puisse paraître, oui ! Ou plus exactement, la « drêche », cette partie desséchée du malt que l’on récupère après le brassage. C’est en visitant une brasserie que Caroline Gauthier (notre photo) et Christophe Uliasz, collègues depuis huit ans, ont décidé de valoriser ce sous-produit de la bière. « Au cours de la visite, on leur a demandé ce qu’ils faisaient de la drêche après le brassage. Et on a découvert qu’il n’y avait pas de solution de traitement de la drêche en ville, contrairement à la campagne où elle est traditionnellement utilisée dans l’épandage des champs ou l’alimentation des animaux » raconte Caroline.

Il y a pourtant de plus en plus de microbrasseries dans la région, qui produisent entre 200 et 300 kg de drêche à chaque brassage de 1 000 litres. Les deux collègues avaient justement envie de développer ensemble un projet écologique pour devenir acteurs de leur territoire.

Riche en fibres et protéines

« Après quelques recherches, on s’est rendu compte qu’aux États-Unis ou au Canada, ils utilisaient déjà la drêche pour fabriquer des barres de céréales et autres aliments divers » poursuit Caroline. Ni une ni deux, les voilà dans leur cuisine à tester des recettes pour tenter de sublimer la drêche, un produit riche en fibres, protéines et vitamines. Neuf mois plus tard, en 2018, ils aboutissent à leur première création : un mélange de céréales, fruits et flocons d’avoine pour le petit déjeuner. « Happy drêche » est née. Suivront rapidement des cookies et une version salée au piment d’espelette pour l’apéritif. Précisons que malgré son délicieux goût ambré, la drêche n’est absolument pas alcoolisée, puisqu’elle est récupérée lors de la première étape du brassage, avant l’ajout du houblon. Aujourd’hui, ils sont accompagnés par un ingénieur agronome et des étudiants de l’ISA qui les aident à améliorer leur processus de fabrication.

Économie circulaire et solidaire

Tous les 15 jours , ils produisent environ 30 kg de biscuits et céréales à partir de 60 kg de drêche qu’ils récupèrent auprès de brasseries partenaires, parmi lesquelles Le singe savant (Lille) ou Cambier (Croix). Elle est ensuite déshydratée, mélangée et assaisonnée pour produire leurs différentes recettes, qui seront vendues dans des épiceries locales et vrac, sur le site lecourtcircuit.fr ou via leur page Facebook. Ils tiennent aussi à s’impliquer dans l’insertion en faisant appel à l’ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) de Lille pour la cuisson de leurs cookies. Une belle manière d’allier économie locale, valorisation des déchets et solidarité tout en se faisant plaisir.

Plus d’informations sur leur page Facebook ou par mail : happydreche @ gmail.com