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Sophie Binet de la CGT :

« Fin du monde et fins de mois, même combat »

Publié le 7 avril 2023 à 12:44

Sophie Binet, 41 ans, est la première femme de l’histoire de la CGT à occuper le poste de secrétaire générale. À peine l’annonce de son élection rendue publique à la tribune du 53e Congrès, Mme Binet a entonné avec la salle le chant des militants de la fédération mines énergie : « Emmanuel Macron, si tu continues, il va faire tout noir chez toi »- volonté d’unir et aussi clin d’œil et à cette CGT en pointe dans la lutte contre la réforme des retraites. Secrétaire générale du syndicat des cadres CGT (l’Ugict) depuis 2018, elle est issue de la commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT, et était référente du collectif femmes mixité. Féministe, elle a cosigné l’ouvrage « Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale », publié en 2019. Dans son premier discours comme secrétaire générale, Sophie Binet s’est félicitée des « orientations claires » adoptées par la CGT jeudi sur les « questions environnementales et sociales », soulignant qu’il fallait savoir « être capable de porter au même niveau fin du monde et fins de mois ». Elle a rappelé l’importance des luttes contre les violences sexistes et sexuelles, qui ne « peuvent pas être secondaires ». Elle a été conseillère principale d’éducation (CPE) en lycée professionnel à Marseille, puis au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) de 2008 à 2010. « C’est quelqu’un qui a de l’expérience » s’est félicité Nicolas Hinderschiett, représentant d’ArcelorMittal.

Le sort de 800 000 intérimaires Interrogée par notre confrère l’Humanité sur le précariat, Sophie Binet a déclaré : « Pendant notre congrès, j’ai relevé l’intervention de Lætitia Gomez, secrétaire générale de la CGT de l’intérim. Elle a rappelé que notre pays compte 800 000 intérimaires. Ils représentent près de 20 % des ouvriers. La syndicalisation des précaires est centrale, bien que ce défi soit complexe. La CGT a déjà gagné des droits nouveaux pour les intérimaires, même si les pratiques de dumping social permettent trop souvent de les contourner. La syndicalisation des travailleuses et travailleurs de plateformes est aussi un enjeu des années à venir. Mais la transformation du salariat est à appréhender dans sa totalité. En se questionnant, bien sûr, sur la précarisation des ouvriers et la tertiarisation de l’économie, mais aussi sur le chantier central des ingénieurs, cadres et techniciens. Ils pèsent pour près de 50 % du salariat. Si nous ne parvenons pas à les impliquer dans les luttes en partant de leurs revendications, nous ne pourrons pas construire de rapport de force majoritaire. C’est indispensable pour agir comme syndicat de classe dans les luttes sociales, et comme syndicat de masse dans les élections professionnelles. (...) »