Le comportement des Français sur leur consommation de viande serait-il en train de changer radicalement ? C’est ce que pointe une étude produite, en mars dernier, par Toluna-Harris Interactive. « Spontanément, l’idée de viande est associée à celle de la consommation d’un aliment plaisant, que beaucoup considèrent indispensable », pointe-t-elle. Maisparadoxalement, « ils estiment qu’il s’agit d’un aliment cher, qui évoque des enjeux plus vastes liés à l’environnement ou au bien-être animal ». 87% d’entre eux pensent qu’il y a une dose de viande à ne pas dépasser chaque semaine, tandis qu’environ sept Français sur dix estiment que limiter sa consommation de viande a un véritable impact sur l’environnement, mais aussi sur leur santé. À l’autre bout de la chaîne, ils ne sont que 40% à penser qu’il faut manger de la viande au moins une fois par jour pour être en bonne santé. Encore faut-il pouvoir se l’offrir. Dans un contexte d’inflation, le facteur prix est remonté en tête des critères d’achat pour la viande au détriment d’enjeux liés à la responsabilité socio-environnementale. Cette étude sur la consommation d’aliments carnés cache une autre réalité. Celle d’un pouvoir d’achat en berne.
Une alimentation dégradée
L’inflation alimentaire a frôlé les 14% en janvier et février. Aujourd’hui, ce sont 13 millions de ménages qui n’ont pas d’autres choix que de limiter leur budget dédié à l’alimentation. S’ajoutent trois millions de familles qui étaient déjà contraintes à des restrictions alimentaires par leurs finances. Effet domino, cette régression des achats de qualité aggrave une situation sanitaire déjà compromise. Dans les Hauts-de-France, plus de 40% de la population est en surpoids et 20% souffre d’obésité. On estime à 47% le taux des Français qui sont en surpoids. Sont particulièrement touchés : les plus âgés (57,3% des 65 ans) et les 18-24 ans (23,2%.) Depuis 1997, l’obésité chez les 18-24 ans a été multipliée par quatre ! Dans les territoires, les acteurs s’impliquent pour répondre à la demande croissante des populations les plus touchées par une alimentation dégradée ou insuffisante. Les collectivités, malgré la baisse de leurs dotations, redoublent d’effort pour offrir aux enfants une restauration scolaire de qualité, souvent issue de circuits courts et provenant de filières bios.
Un marqueur des inégalités
L’alimentation est donc devenue un des principaux marqueurs des inégalités. Ces nouveaux bouleversements posent la question de la démocratie alimentaire. Cette capacité que peuvent avoir les pouvoirs publics à rendre une alimentation de qualité accessible à tous. L’alimentation a ceci d’universel qu’au-delà de sa fonction première, elle touche au bien-être et à la santé des citoyens, à l’instar de la viande. Les conséquences de la sous-nutrition ou de la malbouffe sont, de fait, incalculables.