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Sucrerie d'Escaudœuvres

Les 123 salariés de Tereos entre amertume et colère

par Thomas Messaoudine
Publié le 17 mars 2023 à 15:57

Après plusieurs jours de blocage, les 123 salariés veulent obtenir des réponses concernant la fermeture de l’usine connue sous le nom de Béghin-Say. Rencontre.

La fronde est montée après la fermeture du site annoncée et la suppression de 123 emplois. Les salariés ne comprennent pas vraiment pourquoi une telle décision a été prise comme le rapporte Loïc Lagouche, secrétaire adjoint CGT au CSE d’Escaudœuvres « On est étonné, vu la santé économique de notre société, qui se porte plutôt bien. On ne pensait pas que ça nous tomberait dessus. Avec un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros, on peut se poser des questions. » L’entreprise a fait 172 millions d’euros de bénéfice net en 2022.

Un plan de réorganisation

Cette fermeture touche des bourgs et des villages où vivent les salariés et aussi les saisonniers. « C’est la plus vieille usine du Nord. C’est un emblème pour nous, tous ceux qui sont proches du site et bien au-delà. On est vraiment tous déçus. », déplore Nicolas Anoul, saisonnier chez Tereos. Selon sa direction, l’une des principales raisons de la fermeture de la sucrerie d’Escaudœuvres serait la réorganisation de l’activité, afin de pouvoir continuer à être stable économiquement. En clair, non seulement préserver mais accroître les bénéfices du groupe où figure Escaudœuvres sacrifiée sur l’autel de la rentabilité extrême. Dans le plan actuel, l’activité sucrière sera stoppée. Seul le centre logistique pourra continuer à fonctionner. Tereos a annoncé vouloir aider les salariés qui vont se retrouver sans emploi avec « un reclassement interne pour préserver au maximum l’emploi ». La baisse de production de la betterave est également l’une des causes de fermeture avancée par la direction.

Le ministre de l’Industrie monte au front

Les syndicalistes craignent que le reclassement soit limité. Le 8 mars dernier, plus de 300 personnes, employés et riverains, se sont retrouvés aux abords du site pour protester contre cette fermeture. L’affaire a pris une tournure nationale avec la venue de Roland Lescure, le ministre de l’Industrie, ce lundi 13 mars, à l’hôtel de ville d’Escaudœuvres. Après avoir rencontré les différentes parties, il a déclaré ne pas comprendre les raisons du choix de la direction de Tereos, son président du conseil d’administration n’ayant pas daigné se rendre sur le site provo- quant notamment à colère des syndicalistes. À l’issue de cette journée, les salariés menacés de devenir des « privés d’emploi » se disent prêts à « combattre le froid, le vent et la pluie » pour parvenir à leurs fins. « On va rester là, soudés, unis et on ne lâchera pas. Il faut qu’ils comprennent que ce n’est pas en fermant notre usine que ça ira mieux », insiste Loïc Lagouche. Pour Philippe, un salarié engagé dans le blocage, les syndicalistes vont tout faire pour protéger les emplois. « On va essayer d’avoir le moins de casse possible, le moins de licenciés possible. Si jamais il y en a, on va faire en sorte qu’ils ne partent pas sans rien et qu’ils soient mis dans de bonnes situations. Ça va être un combat et c’est pourquoi on va être là 24 heures sur 24. » Selon plusieurs sources syndicales, le blocage pourrait donc se poursuivre tant que la direction ne donne pas de garanties suffisantes.

150 ans d’histoire pour l’usine 200 000 tonnes de sucre blanc produits chaque année sur ce site 5,06 milliards c’est en euros le chiffre d’affaires en 2022 pour le groupe Tereos

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