© Jacques Kmieciak
Noyelles-sous-Lens

Menaces sur l’emploi à France Loisirs

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 10 décembre 2021 à 15:07 Mise à jour le 15 décembre 2021

Propriétaire de la marque France Loisirs, Actissia Services pourrait disparaître. Les travailleurs du site de Noyelles-sous-Lens sont en grève illimitée. 218 emplois sont menacés.

Le 25 octobre dernier, le tribunal de commerce de Paris prononçait la mise en liquidation d’Actissia Services, avec une continuité d’activités jusque fin janvier. Propriété depuis 2015 d’International Technology Solutions (ITC), une société basée au Luxembourg, Actissia Services est notamment spécialisée dans la distribution de produits culturels (livres, etc.). Elle est à la tête « de l’enseigne France Loisirs fondée par l’Allemand Bertelsmann en 1970 », rappelle Éric Grzeskawiak, le délégué syndical FO.

Mutation inachevée ?

Dans l’Hexagone, 758 salariés sont désormais menacés de licenciement. 218 d’entre eux exercent à Noyelles-sous-Lens où le groupe a implanté ses filiales : Socprest (service administratif), Teralibris (informatique), Setralog (logistique), Marigny et Joly (centre d’appels). Le 17 novembre, les travailleurs de ces deux dernières entités se mettaient en grève. Depuis, ils occupent le site jour et nuit. Actionnaire unique d’ITC, Adrian Diaconu, affichait, il y a six ans, sa volonté de « faire briller de nouveau l’enseigne France Loisirs ». En 2018, il se sépare de 437 salariés, soit un tiers des effectifs, dans le cadre d’un Plan de sauvegarde de l’emploi ! L’homme d’affaires franco-roumain entreprend alors d’adapter le modèle des clubs France Loisirs un tantinet désuet. En 2020, il met fin à l’obligation d’achat qui était au cœur de son offre et ouvre ses points de vente à tous et non plus aux seuls membres des clubs France Loisirs.

Le compte n’y est pas

« Leur nombre est passé de 4 millions, il y a dix ans, à 800 000 aujourd’hui », précise Fabrice Pancerz de la CFDT. Prétextant un manque de temps pour mener à bien son projet de restructuration, Adrian Diaconu impute désormais la chute de 22 % de son chiffre d’affaires (estimé à 65 millions d’euros) au second confinement. Un prêt garanti par l’État (PGE) de 14 millions d’euros lui avait pourtant été accordé en octobre 2020. Les repreneurs potentiels ont jusqu’à ce vendredi pour se faire connaître. Deux se sont manifestés. « Le premier se contenterait de reprendre la marque France Loisirs sans maintenir l’emploi. Quant au second, Financière Trésor du Patrimoine, il préserverait 80 emplois à Noyelles », souligne Emilien Lhotellier de la CGT. Une offre jugée insuffisante par l’intersyndicale (CFDT, FO, CGT et CFTC majoritaire) décidée à durcir la lutte si nécessaire. « Il faut stopper la dynamique folle des fermetures d’entreprises dans le Bassin minier », communique Hervé Poly, le dirigeant du PCF du Pas-de-Calais. Quant à la sénatrice communiste, Cathy Apourceau, elle a écrit à Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie, l’invitant à « retrouver un repreneur digne de ce nom et à maintenir l’emploi... quoi qu’il en coûte ». Le tribunal statuera sur ce dossier le 6 décembre prochain.