INDUSTRIE

À Saint-Omer, les ex-Arjo ont fêté leur « victoire »

par Mathieu Hébert
Publié le 23 novembre 2018 à 12:20 Mise à jour le 24 novembre 2018

Les papetiers de l’ancienne usine Arjowiggins de Wizernes et leurs soutiens ont fêté la reprise du site, le 18 novembre à Saint-Omer.

« Vous et nous sommes la preuve qu’une lutte peut aboutir à la victoire  ». Rime fait partie de salariés de Fralib qui ont arraché la reprise de leur usine de thés et infusions au géant de l’agroalimentaire Unilever. Leur long combat est devenu une marque : 1336, comme le nombre de jours de leur lutte.
Une partie d’entre eux, qui jouent sur scène leur bras de fer avec la multinationale, a fait le déplacement jusque Saint-Omer, ce samedi 18 novembre, pour fêter l’issue d’une lutte similaire : celle des papetiers de Wizernes, qui ont obtenu que leur maison mère accepte de vendre leur usine à un industriel local qui y relance progressivement l’activité.

Philippe, un des piliers de la lutte, fait le V de la victoire. (Photos Mathieu Hébert)

A eux, il aura fallu environ quatre ans, 1615 jours exactement. « C’est passé très vite  », raconte Olivier, dit Olive. « On a toujours dit qu’on ne négocierait pas la prime à la valise (la prime de départ, ndlr). Et on a gagné  », se félicite Jean-Luc, un autre pilier de la lutte.

Ensemble, tout devient possible

Franck Sailliot, délégué syndical Filpac CGT, salue l’engagement de ceux qui, salariés ou proches, sont venus donner un coup de main, « certains en plus de leur journée de travail ailleurs ». «  On était d’un syndicat. On est devenu des amis. Des frères  », complète Lionel. « On a eu le soutien de camarades de combat. C’est très rare », souligne Franck. Philippe est de ceux-là, depuis le début : « Je suis retraité. J’ai du temps, je veux le donner aux travailleurs, comme je n’ai pas pu le faire quand j’étais actif  ».
Plusieurs responsables communistes étaient aussi dans la salle, dont Ian Brossat et Fabien Roussel, mais aussi Hervé Poly et Bertrand Péricaud, de la fédération du Pas-de-Calais, et Cathy Apourceau-Poly, sénatrice. « Ils sont souvent venus. Ils travaillaient loin des caméras  », avance Franck Sailliot. « Peu d’élus vous ont soutenus. Raison de plus pour les saluer  », appuie Philippe Martinez, secrétaire de la CGT.

« On était d’un syndicat. On est devenu des amis. Des frères. »

Ce soir-là dans le quartier des Glacis, on a cherché à bâtir des ponts plus que des remparts. « Chacun fait le constat de la désindustrialisation, les multinationales ne se préoccupent que de la rentabilité maximum  », lance à la tribune Patrick Bauret, secrétaire de la Filpac CGT. Et s’adressant aux papetiers : « Vous prouvez qu’ensemble tout devient possible ».