« Si on avait baissé les bras, l’affaire serait déjà pliée ». En 2016, deux ans après l’annonce de la fermeture de leur usine par Arjowiggins, Franck Sailliot, délégué Filpac CGT, était toujours de ceux qui se battaient pour la relance du site papetier de Wizernes, près de Saint-Omer.
Il leur aura finalement fallu 1615 jours, un peu plus de quatre ans, pour contraindre l’entreprise à céder l’usine à un repreneur. Quatre ans à bloquer toute tentative de démantèlement des machines ; quatre ans à convaincre les élus locaux et le gouvernement à oser hausser le ton face à un grand groupe (Sequana, la maison mère) dont l’Etat est actionnaire ; quatre ans à convaincre les collègues qu’un avenir industriel était possible : si Arjo se désengageait, c’était pour jouer sur le prix du papier, et non parce que l’usine était obsolète. Elle dispose au contraire de machines en bon état.
C’est ce qui a convaincu un industriel de Saint-Omer, Henri Bréban, qui relance l’activité sur les marchés de transformation, de découpe et de production d’emballages, pour l’alimentaire et le commerce en ligne notamment (nos éditions du 13 juillet et du 14 septembre).
Comme d’autres sites industriels, la fermeture des Papeteries de l’Aa était « programmée » (lire en page précédente). La « résistance » n’en est que plus courageuse et la « victoire » plus belle. Ça se fête.
Philippe Martinez et Ian Brossat attendus
D’où l’événement prévu le 17 novembre à Saint-Omer. Il y aura de la musique bien sûr, avec les groupes Aux p’tits oignons et Père et Fils. Mais aussi des prises de paroles et du théâtre, avec les Los Thêatros : les salariés ex-Fralib jouent ceux qu’ils ont vécu pendant leur lutte pour l’emploi. Philippe Martinez, secrétaire de la CGT, déjà venu soutenir les papetiers à Wizernes pendant leur lutte, viendra leur rendre hommage. Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes, y participera également. Ouvert à tous.