VALENCIENNOIS

Ascoval : un sursis d’un mois

par Mathieu Hébert
Publié le 28 février 2019 à 23:00

Faute de financements, Altifort a demandé la résolution du plan de cession de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve. Prochaine audience au tribunal le 27 mars.

« Scandale », « claque », « coup de massue », « trahison »  : après le retrait d’Altifort du dossier Ascoval, le 21 février, les réactions étaient à la mesure des espoirs soulevés en décembre, quand le groupe franco-belge avait été désigné par la justice comme le repreneur de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve, près de Valenciennes.

Faute de financements, ce dernier a demandé en début de semaine quelques jours plus tôt la résolution du plan de cession de l’aciérie, « et ce afin de protéger les salariés d’Ascoval et du groupe », indiquait Altifort le 21 février.

C’est ce qu’a acté le tribunal de grande instance de Strasbourg le 27 février. « La société Ascoval dispose d’un mois pour trouver un plan de reprise à présenter à la prochaine audience fixée au mercredi 27 mars », indique la direction de l’aciérie, dans un communiqué publié le même jour.

« C’est très dur en ce moment »

Après les informations révélées par le Figaro le 21 février, complétées dans l’après-midi par de nombreux médias, les réactions se sont enchaînées. « On l’a appris dans la semaine », concède Olivier Burgnies (CFDT), qui ne souhaite «  pas faire de commentaires : on n’est pas tous d’accord sur la façon de s’exprimer ». « C’est très dur en ce moment. Les salariés sont totalement démoralisés. C’est vraiment compliqué  », glisse Nacim Bardi (CGT), en réponse au «  soutien total aux salariés » affiché par la Nordiste Marie-Hélène Bourlard, numéro deux sur la liste de Ian Brossat (PCF) aux élections européennes, dont le délégué CGT est aussi un colistier.

Altifort « a trompé tout le monde  », a indiqué un membre du cabinet de Bruno Le Maire à l’AFP. « Altifort nous a confirmé qu’il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s’était engagé, ni les 10 millions de fonds propres, ni les 25 millions de levée de fonds ».

« Passé le premier moment de légitime indignation, l’heure est à présent à la remobilisation autour du devenir d’Ascoval, des 281 emplois directs et du millier d’emplois induits », réagit Fabien Thiémé, maire (PCF) de Marly, près de Valenciennes.

« Aujourd’hui tout le monde met les bouchées doubles. Il reste une chance  », résume Bruno Kopczynski (CFDT), pour l’intersyndicale d’Ascoval. «  Je ne jette pas l’éponge  », affirmait Bart Gruyaert, co-fondateur et directeur général d’Altifort, avant l’audience du 27 février. Mais le gouvernement, par la voix du ministre de l’Economie, a écarté le groupe du tour de table. «  On a contacté ceux qui étaient intéressés par la reprise d’Ascoval. On ne repart pas de zéro », a confié Xavier Bertrand à la Voix du Nord.

La CGT à l’offensive

La CGT, sans attendre le résultat de ces négociations, met la pression sur le gouvernement. Philippe Martinez, son secrétaire général, a appelé Bruno Le Maire dès jeudi 21 février. « On souhaite une solution pérenne, avec Altifort ou avec un autre investisseur, ou par le biais d’une prise de contrôle temporaire de l’Etat », résume Philippe Verbeke, secrétaire de la Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT.

« L’État se doit d’être à nos côtés, car il en va aussi de l’excellence industrielle et de la filière sidérurgique françaises  », estime Laurent Degallaix, le maire de Valenciennes. « Compte tenu des enjeux et de l’énergie déployée ces derniers mois, il est inconcevable que tout s’arrête maintenant ». « Nous allons continuer à nous battre », appuie la sénatrice PCF Michelle Gréaume.

« Les difficultés sont surmontables. On ne parle pas de la mort d’Ascoval. Il y a des clients, de la demande. On travaille, dans les jours qui arrivent, pour remplacer un des financeurs défaillant  », appuie le député Fabien Roussel, élu du Valenciennois et secrétaire national du PCF. Aucune banque française n’a investi dans le plan de reprise d’Altifort, souligne-t-il : « Aucune banque française n’a joué son rôle. Il n’est pas trop tard. Tout doit maintenant être mis en œuvre pour intégrer de nouveaux partenaires industriels, cette fois soutenus par les banques », avance le parlementaire. «  Il est encore temps de sauver l’un des plus beaux fleurons de notre sidérurgie. »

« On ne repart pas d’une feuille blanche », résume le président d’Ascoval Cédric Orban, qui liste les points forts du site, dont le savoir-faire des salariés, la modernité des installations et un et « un carnet commercial qui se constitue déjà de 6 clients fermes et 18 prospects identifiés qui montrent leur intérêt pour les produits, et devant conduire à une poursuite de l’activité et une progression des résultats  ».

L’accompagnement des pouvoirs publics (Bercy, Région Hauts-de-France et Valenciennes Métropole) reste d’actualité.