© Collection privée Thérèse Lecocq
Cathy Apourceau-Poly a interpellé la ministre

Faurecia bientôt dans le rouge ?

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 18 juin 2021 à 13:27

La sénatrice Cathy Apourceau-Poly a écrit à Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l’Industrie, au sujet du devenir des sites d’Auchel et d’Hénin-Beaumont de l’équipementier automobile Faurecia.

A Auchel, l’inquiétude de la parlementaire communiste porte sur la « réduction régulière des effectifs en CDI » et le nombre proportionnellement élevé de salariés en intérim. « À ce jour, l’usine compte 94 salariés en CDI et 43 en intérim », constate Cathy Apourceau-Poly. Thérèse Lecocq en convient. Sur certains postes, «  il n’y a plus qu’un CDI. De surcroît, si nous retranchons le personnel administratif, la proportion d’intérimaires est encore plus élevée », indique la déléguée syndicale CGT. « Le renouvellement en CDI ne se fait pas sur la totalité des départs en retraite  », commente Bertrand Péricaud, spécialiste des questions industrielles à la Fédération du PCF du Pas-de-Calais. « Cette situation perdure et ne permet pas aux salariés de se projeter sereinement vers l’avenir », écrit Cathy Apourceau-Poly. D’autant que le « contexte de baisse significative du chiffre d’affaires ne présage rien de bon », note Thérèse Lecocq.

Toyota délocalise

Même appréhension à Hénin-Beaumont. Ici, c’est la baisse du nombre de travailleurs en CDI passés en un an de 400 à 320, qui interroge. D’octobre à décembre 2020, «  40 salariés ont quitté l’entreprise dans le cadre d’une rupture conventionnelle. On ne s’inquiétait pas car il y avait du travail, mais maintenant, c’est différent », souligne Steves Peze, le secrétaire de la CGT. L’entreprise qui fabrique des planches de bord et des panneaux de porte pour la Toyota Yaris sera prochainement confrontée à une délocalisation « de 75 % du volume de la production en République tchèque. En juillet, nous passerons de 1 000 véhicules par jour à 300. L’équipe de nuit va disparaître et des salariés seront mis en chômage partiel », poursuit-il. «  Cela risque effectivement de provoquer un “trou d’air” dans la production. Toyota assure 30 % du volume de travail à Faurecia  », embraye Cathy Apourceau-Poly. Quant à Renault, l’un des principaux clients de Faurecia à Hénin-Beaumont, « il arrêtera, en 2022, sa production déjà en baisse, du Scénic et de l’Espace au profit de véhicules électriques (Megane). Nous allons aussi en subir le contrecoup. À ce jour, nous n’avons pas de nouvelles collaborations en vue avec ce constructeur », se désole le responsable syndical qui signale lui aussi « un chiffre d’affaires en baisse constante ».

Prêts à se mobiliser

La fabrication de la planche de bord du nouveau modèle du Kangoo pour Renault Maubeuge, qui n’a pas encore débuté, ne suffira pas à enrayer la baisse d’activité tant redoutée. Majoritaire dans l’entreprise, la CFTC, pourtant consciente du danger à terme, « ne fait rien pour l’instant  ». Si l’incertitude persiste quant au devenir du site héninois, la CGT est bien décidée à monter au créneau à travers un débrayage « d’autant que la pression sur le personnel ne cesse de croître. Le climat social est mauvais, ça ne peut pas durer », explique Steves Peze. Le courrier de Cathy Apourceau-Poly a, semble-t-il, porté ses premiers fruits. «  J’ai su que, suite à cette lettre, la ministre a contacté notre direction générale », fait savoir Thérèse Lecocq qui espère désormais des réponses aux légitimes craintes de la CGT.