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Vallourec

Fermeture de la tuberie de Saint-Saulve et plus de 300 emplois sacrifiés

par Philippe Allienne
Publié le 19 mai 2022 à 23:10

Dans le Valenciennois et le Val de Sambre, c’est le coup de massue. Il a été porté ce mercredi 18 mai par la direction du groupe Vallourec qui a annoncé la fermeture de la tuberie de Saint-Saulve.

À peine arrivée à Matignon, la Première ministre Élisabeth Borne est destinatrice d’un courrier du député communiste du Nord, Fabien Roussel. Après l’annonce de la fermeture de la tuberie de Saint-Saulve (97 emplois), la suppression d’une centaine de postes sur la forge d’Aulnoye-Aymeries et la suppression de 60 emplois au centre de services partagés de Valenciennes, il rappelle que « les salariés de Vallourec, des sites de Saint-Saulve et d’Aulnoye-Aymeries, en sont à leur sixième PSE et la colère est forte ». Il précise que le plan annoncé « pourrait être fatal et signer la disparition en France d’une entreprise qui a marqué l’histoire industrielle régionale et nationale ».

320 emplois sacrifiés

En plus des sites nordistes, Vallourec a aussi annoncé la suppression de 65 emplois au siège de Meudon (Hauts-de-Seine). Au total, cela fait plus de 320 emplois qui vont être sacrifiés. Le spécialiste mondial des tubes sans soudure explique sa décision par la fermeture des sites allemands d’ici 2023 (2 400 salariés). Du reste, le site écossais (70 salariés) est aussi destiné à la fermeture d’ici la fin de cette année. Selon Ludovic Bouvier, responsable régional de la métallurgie Nord/Pas-de-Calais CGT, il serait question de rapatrier des volumes de l’usine écossaise sur la forge d’Aulnoye en vue d’accélérer la diversification de la fabrication. « Mais avec la fermeture des entreprises allemandes et de la tuberie, un tel projet est voué à l’échec », estime-t-il. Le syndicaliste ne cache pas sa colère en évoquant les 500 millions d’euros d’aides qui ont été apportés sur les sites chinois à l’époque où Emmanuel Macron était ministre de l’Économie. Il fulmine en évoquant le Prêt garanti par l’État de 262 millions d’euros accordé à Vallourec l’an dernier. Dans son courrier à Matignon, Fabien Roussel abonde en signalant que ce PGE ne fait que s’ajouter à un milliard d’euros d’argent public accordé au groupe depuis 2005 au travers notamment de crédits d’impôt et de recapitalisations. En fait, ce plan de retrait s’explique par une volonté de recentrage au Brésil et en Chine. Pourtant, écrit encore Fabien Roussel, « Vallourec a bénéficié d’une assistance financière accrue de l’État, avec la mise en place de l’activité partielle longue durée (APLD) ».

Projet inacceptable

À la Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT, Philippe Verbeke parle d’un « projet inacceptable ». Dans un communiqué, la Fédération explique que « Vallourec n’est pas en difficulté sur ses marchés : le pétrole et le gaz connaissent un rebond, y compris en Europe, et le savoir-faire de Vallourec doit servir la transition énergétique (géothermie, éolien, hydrogène, captage carbone ...). Il a donc des marchés à court, moyen et long terme ! Le groupe a redressé ses résultats financiers en 2021. C’est donc un renforcement du groupe qu’on serait en droit d’attendre, et non l’inverse ». Ce communiqué évoque également les aides reçues en précisant que « sans complexe, Vallourec devrait annoncer un programme de rachat d’actions pour soigner ses actionnaires ! » Mais pour la Fédération CGT, la stratégie de délocalisation des activités européennes vers les États-Unis, le Brésil et l’Asie s’est accentuée depuis la récente montée en puissance du fonds de pension américain Apollo au capital du groupe, reléguant la BPI au rang de spectateur avec 2 % du capital, alors qu’elle en détenait 15 %. « Apollo, souvenez-vous, dit-elle, c’est ce même fonds qui a pompé Ascometal, dans les aciers spéciaux, sans rien injecter, laissant le groupe en grande difficulté, comme d’autres proies en France. » Pour la CGT, au-delà du plan annoncé, « c’est la totalité des quelque 1 500 emplois que compte le groupe en France qui sont menacés par les effets dominos induits et la désorganisation orchestrée. La France est en effet dépendante depuis plusieurs années des productions allemandes, après les fermetures d’aciéries et laminoirs cautionnées par nos précédents gouvernements (Saint-Saulve, Deville Rouen, ...). C’était en 2016, sous la coupe d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Idem en 2018 avec d’autres fermetures d’entités en France ». Annonçant sa volonté de créer les conditions d’une mobilisation générale des salariés du groupe, avec leurs homologues français et européens, le syndicat appelle le gouvernement à intervenir auprès de Vallourec pour bloquer cette nouvelle restructuration et reprendre la main sur la stratégie. Un appel que reprend Fabien Roussel qui demande à l’État « d’assumer toutes ses responsabilités ».

Karine Trottein : « Stop à la casse de notre industrie ! » Les communistes du Nord, sous la signature de la secrétaire fédérale Karine Trottein, apportent leur soutien aux salariés de Vallourec.

Plan social après plan social, Vallourec se meurt dans notre département, par la seule volonté du patronat, pour quelques profits de plus. Fleuron historique de l’industrie dans notre département, c’est maintenant plus de 300 emplois directs qui sont menacés, à Saint-Saulve, Valenciennes et Aulnoye-Aymeries, par la délocalisation de l’activité au Brésil. Ne parlons même pas des conséquences sur les familles des ouvriers et des ouvrières et dans les communes. Nous appelons l’État, la Région, le Département à trouver des solutions pour maintenir les emplois et lancer un grand plan de développement. L’État doit reprendre la main sur les grands secteurs industriels et stratégiques et donner des pouvoirs décisionnels aux premiers concernés, à celles et ceux qui produisent vraiment les richesses : les travailleurs et les travailleuses. De plus, à l’heure où le réchauffement climatique et ses conséquences impactent de plus en plus nos vies et l’avenir de notre planète, il est complètement aberrant de voir nos usines partir à des milliers de kilomètres pour fournir les marchés français et européens ! Mais les libéraux s’en fichent bien, ce ne sont pas eux qui subiront à court et moyen termes les conséquences. Soyez assurés que nous resterons mobilisés aux côtés des syndicats, des citoyens, avec les militants du Parti communiste français, avec nos élus qui se battent au quotidien comme Fabien Roussel, député de la 20e circonscription, Bernard Baudoux, maire d’Aulnoye-Aymeries et conseiller départemental.