Sandouville

Haro sur la CGT

Publié le 15 mai 2020 à 10:56

La décision du tribunal du Havre, donnant raison à la CGT contre l’usine Renault de Sandouville (en Seine-Maritime) a provoqué un tollé et un sursaut de colère, pour ne pas dire de haine contre le syndicat. Voilà qui promet pour la reprise et ce que d’aucuns voudraient être un « retour à la normale » après le confinement.

On a vu Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, se faire maltraiter par les chaînes d’info et ne pas pouvoir se faire entendre face à une présentatrice résolument hostile. Or, que s’est-il passé ? Alors qu’un millier de salariés avaient retrouvé le chemin de l’usine de Sandouville, le 28 avril, le redémarrage progressif de cette unité d’environ 2 500 salariés (dont près de 700 intérimaires) est contrarié par une décision de justice qui fait suite à un référé de la CGT. Avant de reprendre les activités, Renault devait convoquer les instances syndicales. Elle l’a fait au niveau national mais pas au niveau local. La CGT a donc déposé un référé devant le tribunal du Havre, soulignant que toutes les conditions pour une reprise en toute sécurité n’étaient pas respectées. Le tribunal lui a donné raison en suspendant la reprise. Pour que les choses se rétablissent, il faut au minimum 10 jours.

Cela a déclenché le mécontentement du ministre Bruno Le Maire, pour qui cette décision est « mauvaise » (on ne pouvait s’attendre à moins), mais aussi de Force ouvrière, qui dénonce un « procédé malhonnête et prémédité » de la CGT. À la CFE-CGC, majoritaire chez Renault, on dit ne pas comprendre l’attitude de la CGT. Pour sa part, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dénonce une « posture irresponsable et infondée ». Voilà donc la CGT rhabillée pour le printemps et même l’été. Pourquoi alors FO et la CFDT se sont-ils abstenus lors du vote en Comité social et économique (CSE) sur les modalités de la reprise ? La CGT n’a fait que son devoir et la décision relève de la justice. Et c’est cela que tous remettent en cause, à commencer par le ministre de l’Économie.

Comme l’exprime la CGT,« c’est Renault qui s’est fait condamner par un juge pour ne pas avoir respecté la loi, et c’est ce même juge qui a ordonné la suspension de la reprise de la production, pour qu’aucun salarié ne soit exposé à un quelconque danger ». Dès lors, il sera bien difficile de croire que la santé, et les droits des salariés, sont prioritaires dans la reprise de l’économie. Le gouvernement, le Medef et les syndicats qui les soutiennent montrent bien ici que l’économie doit reprendre ses droits tels que les groupes industriels en jouissaient avant la crise sanitaire.