L’avenir des salariés de Bridgestone sera débattu le 19 octobre à Bercy

par Philippe Allienne
Publié le 9 octobre 2020 à 12:00

Près d’une semaine après la marche silencieuse qui a réuni 1 500 personnes, dimanche 4 octobre à Béthune, les élus, les syndicats, les salariés et les habitants veulent encore croire à un avenir pour l’activité industrielle sur le site de Bridgestone. De premiers éléments de réponse sont attendus à l’issue d’une réunion qui se tiendra à Bercy lundi 19 octobre.

1 500 personnes défilant en silence sous la pluie, un dimanche matin, entre l’usine Bridgestone et la mairie de Béthune. Les salariés de l’usine de pneumatiques que la direction japonaise a condamnée, leurs familles, leurs collègues d’autres entreprises du secteur, les habitants et de très nombreux élus avaient répondu à l’appel. Parmi les élus, ceints de leur écharpe tricolore : le maire de Béthune, Olivier Gacquerre, et une bonne partie du conseil municipal, mais aussi des parlementaires comme la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly ou le député LFI Adrien Quatennens, ou encore des élus territoriaux comme Jean-Marc Tellier (maire d’Avion et conseiller départemental), Xavier Bertrand, président de Région, etc.

La jeunesse manifeste pour son avenir.
© Philippe ALLIENNE

Toutes et tous ont marché plus d’une heure derrière une immense banderole exprimant le refus de la fermeture de Bridgestone et la solidarité avec les salariés. « Bridgestone veut-il ou non rester sur le site ? » s’interrogeait le maire de Béthune en n’excluant pas un voyage au Japon, en compagnie de Xavier Bertrand, pour tenter de faire changer d’avis à la direction. « Au regard du coût d’une fermeture et de l’accompagnement des salariés, nous pensons qu’il existe une opportunité pour repenser le site et le maintenir dans son activité. Nous attendons. Nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans la logique du “c’est fermé”. Notre priorité demeure le maintien du site et de l’activité » a martelé Olivier Gacquerre.

« Nous étions une grande famille »

Dans la foule, on se montrait plus circonspect. « À l’époque de Firestone, nous étions une “grande famille” et le slogan de notre usine était “mon usine comme ma maison” », se souvient un retraité. « Mon père y a travaillé, j’y ai travaillé, mon fils a travaillé chez Bridgestone. » Mais pour Didier, l’époque a changé. Au lieu d’une reprise ou d’une reconversion, il croit plutôt à un PSE amélioré. D’autres espèrent le maintien de leur emploi. « Il faut investir beaucoup pour se redéployer vers la fabrication de pneumatiques à haute valeur ajoutée [pour les SUV – ndlr]. La Région et l’État peuvent participer. Mais la direction de Bridgestone en a-t-elle envie ?  » Lorsque Élisabeth Borne, ministre du Travail, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, s’étaient rendues à Béthune, le 21 septembre, elles avaient annoncé une contre-expertise des scénarios envisagés, et abandonnés, par l’industriel japonais. L’un de ces scénarios portait précisé- ment sur la fabrication de pneumatiques pour véhicules utilitaires (SUV). Le ministère de l’Industrie a confié la contre-expertise au cabinet Accenture. Les premières conclusions seront connues lundi 19 octobre à l’occasion d’une réunion organisée à Bercy avec les élus locaux, le président du conseil régional des Hauts-de-France et les syndicats.

Lire aussi « Une marche silencieuse pour Bridgestone ».

Mais d’ores et déjà, on parle surtout des possibilités de reclassement interne des salariés de Bridgestone vers des filiales du groupe. La ministre déléguée évoque quant à elle des reclassements chez Automotive Cells Company, l’usine de batteries pour véhicules électriques qui s’implante à Douvrin. Cette entreprise prévoit de recruter 1 200 salariés de PSA et pourrait embaucher des employés de Bridgestone. Sauf qu’elle ne produira pas avant 2023.