Val de Sambre

La « défaisance sociale » fait 129 victimes

NOV et Tuboscope

par Philippe Allienne
Publié le 31 janvier 2020 à 12:06

Nouveau coup de tonnerre sur le terrain social. Cette fois, ce sont les usines Nov et Tuboscope, à Aulnoye-Aymeries et Berlaimont qui sont victimes. Le groupe américain Nov Grant Prideco a annoncé leur fermeture le 23 janvier. 129 emplois sont supprimés dans ce secteur du Val de Sambre.

Ce mercredi 29 janvier, en début d’après-midi, la délégation syndicale qui s’apprêtait à rencontrer la secrétaire d’État à l’Industrie, à la préfecture de Lille, ne se faisait pas d’illusion. Conduite par Ludovic Bouvier (USTM CGT Région) et Yohann Delbauve (CGT Nov), elle a écouté Agnès Pannier-Runacher qui a demandé à la direction de Nov de donner une réponse sociale individuelle adaptée aux salariés. La secrétaire d’État réclame aussi un accompagnement pour ces derniers. C’est également ce qu’avait demandé, par courrier adressé à Bruno Le Maire, la députée LaRem de la 12ème circonscription du Nord, Anne-Laure Cattelot. De bonnes intentions qui ne sont pas de nature à impressionner les syndicalistes. « Nous ne sommes pas là-dessus », tranche Ludovic Bouvier qui note cependant l’embarras du ministère : «  Ils nous ont prévenu de la rencontre avec la secrétaire d’État seulement la veille, à 22 heures. »

29 janvier à Lille : la délégation s’apprête à rencontrer la secrétaire d’État. Sans illusion.
© Philippe ALLIENNE

Vendredi 24 janvier, les salariés ont bloqué l’accès aux camions et ont brûlé des pneus devant l’entrée de Nov. Le soir, ils se sont invités aux vœux du maire PCF d’Aulnoye-Aymeries, Bernard Baudoux. Ce dernier dénonce une « décision irrespectueuse pour le territoire ». Pourtant, commente-t-il, depuis que Vallourec-Drilling (Aulnoye-Aymeries) et Tuboscope (Berlaimont) ont été acquis par l’Américain National Oilwell Varco (Nov) les sites allaient mieux et étaient sortis des pertes colossales de 2013-2016. « On connaît bien cette situation dans la métallurgie  », dit Ludovic Bouvier. « Les ex-usines de Vallourec ont été cédées il y a 18 mois au groupe américain. On voit la stratégie de Vallourec : se séparer des entités qui ne les intéressent plus pour n’avoir pas à supporter le poids et l’image d’un PSE. C’est cela la “défaisance” sociale.  » La CGT s’est rapprochée de l’avocat Fiodor Rilov, déjà en charge du dossier Ascoval contre Vallourec. Mais en attendant de préparer la défense des 129 salariés, la CGT a décidé de bloquer les tubes stockés chez Tuboscope, à Berlaimont.

Leur valeur représente 20 millions d’euros. « Rien ne sort et rien ne sortira sans garanties de reprise », dit le syndicaliste. Chez Nov, à Aulnoye-Aymeries, le blocage entamé le 24 janvier a cessé. Il n’y a pas de piquet de grève. Mais l’attente n’en est pas moins forte. « La direction américaine n’a même pas mis en œuvre la loi Florange qui oblige à chercher un repreneur. Par nos interventions, nous les obligeons à revoir leur copie. Il n’est pas question de ne pas faire respecter nos droits. » L’USTM CGT connaît le dossier. L’idée de trouver un repreneur n’est pas utopique en soi. La Chine pourrait être intéressée. Mais les Américains feront blocage pour des raisons géo-politiques. Dans le Val de Sambre, on craint maintenant pour les derniers maillons, comme la tuberie de Saint-Saulve. Cette dernière n’emploie plus que 130 salariés sur 500 auparavant. «  Ici, on fait de la liquidation douce », commente amèrement Ludovic Bouvier.