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Figure du syndicalisme

Marcel Croquefer était un ardent défenseur de notre industrie

par Philippe Allienne
Publié le 16 avril 2021 à 16:28

Militant syndicaliste, à la CGT, Marcel Croquefer était bien connu à travers ses mandats tant au niveau local, à Dunkerque, que régional ou national. Il nous a quittés samedi 10 avril, à la suite d’une longue maladie. Il avait 66 ans.

« Quand Marcel parlait, c’était toujours calmement, sans jamais hausser le ton, avec le souci d’être compréhensible de tous. Il aura été un grand dirigeant syndical, une référence pour toute une génération dont je fais partie. » Ainsi s’exprime le député communiste, et secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, dans un courrier adressé à l’épouse de Marcel Croquefer. « Il aura, poursuit-il, consacré une grande partie de sa vie à œuvrer à l’émergence d’une société plus juste, plus fraternelle, plus humaine. Il n’aura eu de cesse de défendre une industrie au service de son pays, de ses concitoyens, en veillant à ce que celle-ci respecte l’Homme et son environnement. » À Dunkerque, Delphine Castelli, secrétaire de la section du PCF, se souvient l’avoir rencontré en 2010, lors du conflit à la Raffinerie des Flandres, « alors qu’il proposait au nom de la CGT un projet alternatif à celui du groupe Total : le projet hydrogène. Depuis, il a inlassablement expliqué et ouvert la voie d’une filière hydrogène sur notre territoire ».

La force et la puissance de la classe ouvrière

Né le 25 juillet 1954 à Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais, il a d’abord été mineur avant d’être embauché à l’usine chimique de Mazingarbe. En 1978, année où il épouse Nadette, il quitte le bassin minier pour le Dunkerquois. Il devient électricien pour le vapocraqueur de Mardyck, chez Copenor (aujourd’hui Versalis) où il est élu secrétaire du comité d’entreprise. Pour un article qu’il avait publié dans Liberté Hebdo en 2015, Pierre Outteryck l’avait interrogé sur cette époque. « Il existe deux façons de travailler le pétrole. Depuis très longtemps on raffine le pétrole pour le brûler dans les moteurs », lui avait-il expliqué. Et «  toujours de la même voix douce » : « L’autre manière, à mon sens plus intéressante, est celle qui consiste à disséquer le pétrole, à en tirer les différents hydrocarbures pour fabriquer des matières premières telles que les polyéthylènes, des polystyrènes… » Mais, peut-on lire dans cet article, si le vapocraqueur était alors toute son existence, ce n’était pas toute sa vie. « Marcel est de ces hommes qui ne coupent pas les êtres vivants en tranches. Ouvrier, électricien, syndicaliste, cégétiste, militant communiste, père de famille, grand-père, bricoleur… mais avant tout un homme, seulement un homme, tout un homme. Chez lui, c’est flagrant, il n’y a pas un horizon mais de multiples horizons, toujours en mouvement, fraternellement en mouvement, s’articulant les uns aux autres. Et dans ce monde complexe, avec lui, tout paraît simple, tout devient simple. Au cœur de la vie de cet homme discret, la force et la puissance de la classe ouvrière. La classe ouvrière qui ne serait pas une chape de plomb, une matrice uniformatrice mais un véritable creuset où chaque individu est une personne qui mérite de vivre et de développer ses potentialités. Voici la force de Marcel : sa capacité inaltérable de percevoir rapidement les potentialités de chacun et sans bruit, silencieusement, sans que cela se remarque, l’aider à les faire fructifier. »

Le projet hydrogène

Et puis, arrive l’épisode Total et la fermeture de la Raffinerie des Flandres. C’est là que Marcel Croquefer défend l’idée d’utiliser l’électricité pour fabriquer de l’hydrogène. Quand, avec ses camarades, il parle de développer ce projet dans le Dunkerquois, la plupart des politiciens et des économistes ne le prennent pas au sérieux. « Aujourd’hui, commente Fabien Roussel, cette révolution écologique de l’hydrogène est devenue incontournable. » Marcel Croquefer était également membre de la commission exécutive et secrétaire à la politique industrielle au sein de l’Union locale CGT, membre du collectif de la politique industrielle au niveau régional, membre de la commission de contrôle des dangers industriels au sein de la Fédération nationale des industries chimiques. Un hommage lui sera rendu ce vendredi 16 avril, à 10 heures, à la salle de l’Avenir, à Dunkerque. Toute l’équipe de Liberté Hebdo présente, à son épouse Nadette, à ses filles, à son frère François, à l’ensemble de sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.