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Jean-Claude Dulieu

« Nous avons tous les arguments pour le maintien de la production de Valdunes »

Publié le 28 janvier 2022 à 14:30

Face aux difficultés rencontrées par l’entreprise Valdunes, à Trith-Saint-Léger et à Leffrinckoucke, les élus communistes se sont rapidement mobilisés pour soutenir les salariés. Les explications de Jean-Claude Dulieu, conseiller départemental du Nord dans le canton d’Aulnoye-Lez-Valenciennes.

  • Depuis quelques jours, vous multipliez les actions, avec Isabelle Choain, votre binôme au Département, et le maire de Trith-Saint-Léger, Dominique Savary. Pouvez-vous rappeler comment vous êtes arrivés sur ce dossier ? Il s’agit de défendre un fleuron de l’industrie régionale et nationale. Au départ, nous avons été alertés par les syndicalistes de Valdunes et nous sommes allés les rencontrer. Nous nous sommes immédiatement engagés à travailler avec eux au niveau de la Région. Nous avons publié un communiqué pour expliquer la situation et nous avons organisé un déplacement des salariés, le 24 janvier, au conseil régional. Accompagnés de Dominique Savary, ils y ont été reçus pour parler de l’avenir de leur unité de production. Pendant ce temps, avec ma collègue Isabelle Choain, nous avons déposé une motion en séance plénière du conseil départemental. Cette motion a été votée à l’unanimité.
  • Quel est l’objet de cette motion ? Face aux menaces qui pèsent sur les deux unités de Valdunes, nous demandons que le conseil départemental du Nord interpelle le président de la République pour qu’il intervienne, durant la présidence française de l’Union européenne, en faveur du respect de l’égalité de traitement face aux appels d’offres européens. Nous demandons aussi au Département d’interpeller le ministre de l’Économie pour que l’État, actionnaire à 49 % de la SNCF, prenne des mesures afin que l’argent des contribuables (je pense aux subventions allouées à la SNCF) bénéficie à l’emploi en France et pour que le prix de l’électricité ne pénalise ni les citoyens, ni les entreprises.
  • Pouvez-vous expliquer le problème concernant les appels d’offres européens ? L’égalité de traitement n’existe pas entre les différents pays et cela pénalise nos entreprises. Des entreprises européennes, similaires à la SNCF, ne respectent pas les règles communes et appliquent une politique protectionniste pour une partie de leurs commandes. C’est de cette façon que la SNCF, qui était un très gros donneur d’ordre, a diminué ses commandes à Valdunes de façon drastique. L’entreprise produisait 43 000 roues par an pour les trains français. Sur l’ensemble de ces deux dernières années, elle n’en a produit que 7 000 ! La SNCF commande en Espagne et en Tchéquie. Qu’au moins, les entreprises soient sur un pied d’égalité.
  • L’activité des deux sites a diminué de 60 % en raison de la hausse du coût de l’énergie et du recul des commandes de la SNCF. Vous restez optimiste sur l’avenir de la production ? D’abord, nous avons tous les arguments qui plaident en faveur de Valdunes. C’est une entreprise moderne, compétitive et dotée d’un savoir-faire incontestable. Elle est la seule en France dans cette spécialité. Il faut donc considérer la question de notre indépendance. Parce que tout de même, ce serait un comble et je ne comprendrais pas que le gouvernement ne bouge pas. On nous dit qu’il faut relocaliser l’industrie en France, or, si Valdunes devait fermer, la France deviendrait dépendante pour les roues et les essieux du ferroviaire. Encore une fois, l’État est actionnaire de la SNCF et la SNCF reçoit des milliards de subvention. Il est indispensable et urgent que la SNCF reprenne ses commandes auprès de l’industrie française.
Propos recueillis par Philippe ALLIENNE