VALENCIENNOIS

Reprise d’Ascoval : avis favorables

par Mathieu Hébert
Publié le 12 décembre 2018 à 11:06 Mise à jour le 21 décembre 2018

Malgré l’attentat de la veille, la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg examinait le 12 décembre le projet d’Altifort pour la reprise de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve. Tous les avis étaient favorables. Réponse le 19 décembre.

L’aciérie de Saint-Saulve emploie 281 personnes.

Les salariés de l’aciérie Ascoval sauront ce mercredi 19 décembre si la justice valide le projet d’Altifort pour la reprise de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve.

« Tous les avis émis lors de l’audience ont été favorables », se félicite Cédric Orban, président d’Ascoval.

Comme prévu, et malgré l’attentat de la veille sur le marché de Noël de la ville, l’audience a bien débuté à 9 heures ce mercredi matin au tribunal de grande instance de Strasbourg, dont la chambre commerciale examinait le projet de reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve par le groupe industriel franco-belge Altifort.

Ce jeune groupe, qui a déjà repris plusieurs sites industriels dans les Hauts-de-France, ainsi que plusieurs unités cédées par Vallourec, était le seul repreneur encore en lice pour l’aciérie de Saint-Saulve, en redressement judiciaire depuis janvier.

Après avoir longtemps tergiversé, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a confirmé lundi 10 décembre le soutien du gouvernement au projet d’Altifort, lui permettant ainsi de boucler son plan de financement, réévalué à 152 millions d’euros. L’Etat y contribue à hauteur de 25 millions d’euros, la Région 12 millions d’euros et Valenciennes Métropole 10 millions d’euros.

Aucune banque française n’a apporté son concours au projet.

Quant à l’engagement formel de l’Etat, il n’est arrivé qu’au dernier moment : « Nous avons reçu le courrier de Bercy à 16 heures (vendredi 7 décembre, ndlr) », indique Bart Gruyaert, soit une heure avant l’expiration du délai fixé par le tribunal pour déposer l’offre, rapporte le quotidien Les Echos.

« Les principaux obstacles à la réussite du projet de reprise sont désormais tous levés  », se félicitait Bruno Le Maire le 10 décembre, à l’issue d’une réunion à Bercy avec les salariés et les acteurs régionaux.

L’aciérie nordiste, qui emploie 281 personnes et dispose d’un four ultra-moderne, est spécialisée dans la production d’aciers spéciaux, une filière industrielle stratégique dont les débouchés concernent le bâtiment ou l’automobile, mais aussi les secteurs militaire et médical.

Le projet d’Altifort consiste à compléter l’activité en créant sur place, à partir de janvier 2021, un train à fil. Cet investissement entraînerait la création d’une centaine d’emplois supplémentaires.

Le dossier compte un grand absent cependant : Vallourec, à l’origine de la création de l’aciérie en 1975, aujourd’hui seul actionnaire et principal client du site, a refusé de soutenir le projet d’Altifort.

Ce dernier sollicitait le groupe sur des engagements de prix et de volumes, la prise en charge d’un passif social et la remise en état de deux halles pour y accueillir le train à fil. « Contraire aux intérêts du groupe  », avait répondu Vallourec le 22 octobre, deux jours avant une précédente audience. « Quelle responsabilité si le plan capote à cause de (Philippe) Crouzet  », a réagi dans un tweet le député Fabien Roussel (PCF) à propos du président du directoire.

« La seule nouveauté dans le dossier, c’est le protocole d’accord sur la cession de quatre halles par Vallourec, que nous avons reçu cette nuit aux alentours d’une heure du matin  », rapporte Cédric Orban. « Jusqu’au bout Vallourec aura essayé de torpiller le projet », avance-t-il, soucieux désormais de « tourner la page et (de) se projeter vers l’avenir ».

Les salariés, qui s’estiment « trahis » par Vallourec, ont la dent dure contre les dirigeants du groupe né dans le Valenciennois (et dont les initiales sont les contraction des communes de Valenciennes, Louvroil et Recquignies), qui a abandonné tout un pan d’activités en France. Sentiment partagé par de nombreux élus régionaux, qui dénoncent également les attitudes du gouvernement et du Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI). « L’un et l’autre ont essayé de m’embarquer dans cette voie selon laquelle il fallait se préparer à un plan B : la liquidation », confiait Xavier Bertrand cet automne en citant Bruno Le Maire, ministre et Jean-Pierre Floris, patron du CIRI.

« Ce que l’on souhaite avec les représentants du personnel, c’est que cela soit validé très très vite et que l’on ait la réponse définitive en décembre », indiquait Xavier Bertrand, président de Région (divers droite), à l’issue de la réunion à Bercy. « Le 12, ce serait l’idéal, mais si c’est quelques jours après, les salariés peuvent le comprendre. (Mais) ils n’ont pas envie d’attendre encore et encore et de passer cette fin d’année sans avoir de décision ». Ce sera le cas : le tribunal rendra son jugement le 19 décembre.

(Photos DR et T Truck)

Les représentants du personnel (CFDT et CGT) avec les élus du Valenciennois devant le ministère de l’Economie à Paris.
Les élus du Valenciennois (droite et gauche) avec les salariés, à Saint-Saulve.