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Bridgestone

Une situation qui s’éternise pour les salariés en attente de reclassement

par Christophe FORESTIER
Publié le 5 novembre 2021 à 13:12

Six mois après la fermeture de l’usine béthunoise, les problèmes de reclassement du personnel sont nombreux et la procédure de licenciement est toujours en cours. Nombre d’anciens salariés restent à ce jour sans perspective d’avenir professionnel tandis que l’avenir du site n’est pas non plus réglé.

Voici un peu plus d’un an, le 16 septembre 2020, l’annonce de la fermeture de l’usine pneumatique Bridgestone tombe. Des réunions impliquant les élus locaux, régionaux, ministres et dirigeants de l’entreprise se succèdent alors, en vain. Le 30 avril de cette année, l’usine béthunoise a définitivement baissé le rideau. Un lourd bilan social est à déplorer. 863 employés ont perdu leur poste ce jour-là. Lors de la fermeture, 145 salariés avaient retrouvé un CDI. Six mois plus tard, fin octobre, les syndicats en dénombrent 235. « Ce nombre représente des ouvriers qualifiés et spécialisés, qui sont très recherchés dans l’industrie. » relate Mathieu, syndicaliste présent tous les jours pour accompagner les anciens salariés dans leurs démarches. Maintenant, il s’agit d’aider les ouvriers moins qualifiés. Mais une autre difficulté vient s’ajouter au manque de qualification, la moyenne d’âge des ces ouvriers, souvent située autour de 40 à 50 ans, « classe plus délicate à reclasser » explique le syndicaliste. Ces ouvriers sont donc amenés à se former, dans de très nombreux secteurs d’activités.

533 salariés sans solution

Par ailleurs, 61 anciens salariés sont actuellement en CDD, une forme de travail précaire selon les syndicalistes, qui conduit à un autre problème, celui de leur suivi par le cabinet de reclassement. « Dans le cas d’un CDD de plus de six mois, le salarié n’est plus suivi par le service de reclassement, et se retrouve inscrit au chômage une fois son contrat achevé » précise Sébastien Delaporte, syndicaliste CFDT. À ceux-là s’ajoutent les 31 porteurs de projet en cours de création d’entreprise, « qui ont su profiter de cette triste occasion pour se lancer dans une activité qui les intéresse particulièrement », précise Mathieu. Mais « le cabinet nous annonce que 80 anciens salariés sont actuellement sans solution », complète Sébastien. « Nous, au niveau syndical, nous contestons ces chiffres. Lors de la dernière réunion avec la direction de l’entreprise, (le 27 octobre - ndlr), nous comptions 533 anciens sans solution », enfonce-t-il, soulignant une différence considérable. Les syndicalistes ont donc l’intention de maintenir une présence le temps nécessaire à l’accompagnement de chacun.

Seule une entreprise a confirmé son implantation sur le site de l’usine béthunoise fermée le 30 avril dernier.
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« Régulièrement, d’anciens salariés viennent nous voir avec des questions ou des problèmes sur leur fiche de paie », poursuivent-ils. « Ces cas sont nombreux et variés » assurent les syndicalistes. Intervention également au niveau des charges. Récemment, les représentants ont ainsi pointé une erreur au niveau de la mutuelle d’entreprise, ce prélèvement étant fait sur les primes supra-légales de licenciement et non sur le salaire, « une erreur qui impacte le reste à vivre des camarades » conclut Sébastien Delaporte.

L’avenir du site reste incertain

Ce dernier confesse par ailleurs une « drôle d’impression » à chaque entrée dans les locaux de l’usine, à l’occasion des réunions (mensuelles) avec la direction. Drôle d’impression voire sentiment de sacrifice de l’usine bé­thunoise, au profit d’autres usines. « J’observe des machines broyées, qui finissent à la benne, et d’autres sont démontées pour être expédiées dans d’autres sites du groupe, fait pour lequel les syndicats ne manquent pas de demander des explications à la direction au profit de réunions de comité social et économique. » Toujours en attente de leurs lettres de licenciement, la procédure étant encore en cours auprès de l’inspection du travail, les syndicalistes se retrouvent aussi eux-mêmes désarmés face à leur situation personnelle. Enfin, ils témoignent de leur tristesse face à l’avenir incertain des anciens locaux, repris par la firme de logistique Log’s. Cette compagnie gère l’implantation des potentiels repreneurs sur le site, qui sera fractionnée. En cette fin octobre, seule la compagnie Black Star, spécialisée dans le rechapage de pneumatiques, est confirmée. Cette dernière avait annoncé 65 embauches et la pose d’une nouvelle bande de roulement, une piste privilégiée pour la reconversion des anciens Bridgestone. Actuellement, elle en serait à une vingtaine seulement. Le reste des locaux, en dépollution, est toujours en attente d’autres implantations.