Haubourdin

Cargill : la direction avance coûte que coûte dans son plan

par Philippe Allienne
Publié le 9 juillet 2020 à 19:43

Branle-bas de combat et, surtout, vive inquiétude chez les ouvriers de Cargill (Haubourdin) ce jeudi 9 juillet. Cet après-midi, une réunion de préparation du Plan de sauvegarde de l’emploi se tenait à Loos dans les salons de l’hôtel Best Western – Le Beffroi. Pour Mickaël Godefroy (CGT et membre du Comité social et économique de l’entreprise), cette réunion était peut-être la dernière. Un avis devait en effet être rendu avant d’être transmis à la Direccte. Nous avons appris en fin d’après-midi, ce 9 juillet, que le PSE et la réorganisation ont été approuvés par la CFDT qui accepte aussi le montant des indemnités de départ pour les salariés qui seront licenciés.

Le tribunal de Lille incompétent

La CGT (majoritaire) avait appelé les salariés à se mobiliser. Le PSE prévoit en effet 183 suppressions de postes, soit plus de la moitié de l’effectif tandis que l’usine doit être réorganisée. La semaine précédente, la présidente du tribunal de Lille s’était déclarée incompétente pour juger la demande de l’avocat des salariés, Fiodor Rilov, concernant la validité du PSE. Le préfet a ainsi obtenu gain de cause en obligeant les salariés et leur conseil à aller plaider devant le tribunal administratif et aux prud’hommes, permettant entre temps la réalisation du plan patronal.Me Rilov avait introduit sa demande en se basant sur le fait que, dans l’organisation future de Cargill SAS, les salariés qui seraient épargnés par le PSE ne seraient pas protéger correctement. En effet, précise Mickaël Godefroy, les missions seront multipliées tandis que les salaires seront revus à la baisse. « Jusqu’à 500 euros pour certains  », précise-t-il. Pour sa part, le cabinet d’expertise dépêché par le CSE s’était inquiété des souffrances psychologiques des salariés et contre lesquelles la direction ne réagissait pas. Actuellement, 80 % des salariés sont en chômage partiel, une mesure que la direction justifie notamment par ce qu’elle estime être des sabotages (introduction de produits étrangers dans le process). Aucune preuve de la culpabilité de salariés de l’usine n’a cependant été apportée. La CGT dément toute implication. Seul un circuit fonctionne afin de satisfaire aux commandes de l’entreprise Baxter, spécialisée dans les produits pharmaceutiques.

Chômage partiel

Dans un autre dossier, deux salariés doivent être convoqués pour un entretien de pré- licenciement. On ne sait pas précisément ce qui leur est reproché. Cela fait partie d’un climat très délétère entretenu depuis le début du conflit, en novembre 2019, par la direction du site chargée de mettre le PSE en œuvre. Une réunion du comité social et économique est prévue ce vendredi 10 juillet afin d’informer les salariés sur ce qui se sera dit la veille. Rappelons que si la direction, à l’occasion de la crise sanitaire, avait promis de reporter le PSE en fin d’année, elle a changé d’avis dès la fin du confinement décidé par le gouvernement.