INDUSTRIE

Le verrier Arc à nouveau dans la tourmente

par Mathieu Hébert
Publié le 25 janvier 2019 à 16:01

La nouvelle direction du groupe verrier Arc demande à ses salariés d’importants gains de productivité. Le climat social est tendu. Des suppressions de postes sont envisagées.

La situation est grave dans les ateliers du verrier Arc, près de Saint-Omer. Racheté en 2015 par l’américain PHP, le numéro un mondial des arts de la table a besoin d’argent frais pour renflouer sa trésorerie et éviter le dépôt de bilan.

La direction vient de présenter un plan aux salariés, qui prévoyait un plus grand recour au travail posté et à l’augmentation du temps de travail. Proposition refusée par tous les syndicats de salariés.

Après plusieurs débrayages, une grande manifestation a réuni plus d’un millier de personnes le 18 janvier en marge d’une réunion de négociation. « Du jamais vu  », note Bertrand Péricaud, ancien conseiller régional PCF, qui suit particulièrement les questions industrielles.

Le plan de la direction coûterait 20 jours de travail en plus par an. « Les gens ne sont plus prêts à accepter quoi que ce soit  », explique Frédéric Specque, secrétaire CGT du comité d’entreprise, cité par Les Echos. D’autant que beaucoup de salariés sont usés par les plans qui se sont succédé depuis la fin de l’ère Durand, la famille à l’origine de la cristallerie d’Arques, longtemps le plus gros employeur du département. Le site emploie actuellement plus de 5000 personnes.

Les salariés manifestaient le 18 janvier devant le bâtiment administratif du groupe à Arques.

Si l’industriel a retrouvé de meilleurs volumes de ventes, il n’est pas assez rentable, assure la direction. Selon Les Echos, « la croissance des ventes génère un dangereux effet de ciseau, avec un besoin immédiat de trésorerie de 32 millions d’euros  ». Aucune banque ne souhaite prendre de nouveaux engagements avec Arc, croit savoir le quotidien économique.

« Nous sommes des industriels et cherchons une solution industrielle. D’autres pourraient préconiser une solution financière  », affirmait récemment le patron d’Arc dans les colonnes de l’hebdomadaire local L’Indépendant du Pas-de-Calais. Quelle issue ? La variable d’ajustement pourrait être trouvée en partie sur les intérimaires, environ 500 personnes par an. Cela ne suffira sans doute pas aux actionnaires pour rendre la mariée suffisamment belle pour la revendre. Certains craignent donc également une vente de certains actifs, et de nouvelles suppressions d’emplois.

Un émissaire du Comité interministériel chargé des restructurations industrielles (CIRI) a tenté d’influencer les représentants du personnel en faveur du plan de la direction, comme il l’avait fait dans le dossier Ascoval. A la Région, on se dit « vigilant  ».