DR

PPL de Liot : la Macronie lance les grandes manoeuvres

par Mourad Guichard
Publié le 1er juin 2023 à 10:42

Face à la décision surprise du groupe Libertés, indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) d’utiliser sa niche parlementaire pour contrer la réforme des retraites, la Macronie multiplie les entraves directes et indirectes. 

Fidèle à sa jeune tradition, la Macronie s’essaye à toutes les tractations pour tenter de faire tomber la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites déposée par le groupe Liot. Depuis l’examen d’une motion de censure, le 20 mars dernier, elle multiplie pressions et interprétations partisanes de la Constitution. « Au lendemain de la motion à laquelle il n’a manqué que neuf voix, nous avons réfléchi à ce dépôt de proposition de loi, confie Christophe Rossignol, conseiller du groupe Liot à l’Assemblée nationale. On a travaillé sur la faisabilité et, coup de chance, nous avons décroché notre niche parlementaire en date du 8 mai ». Pendant une semaine, le groupe a planché sur la rédaction du texte, dans le secret le plus absolu. Pour éviter toute approximation juridique, bien sûr, mais aussi pour se protéger de toute pression des macronistes. « Nous ne nous sommes pas inscrits dans une logique de renversement du gouvernement, ça n’aurait pas eu de sens, surtout pour voir de nouveau Borne ou sa copie nommée à Matignon », explique un assistant parlementaire. « Ce que nous voulons, c’est dénoncer l’absence totale de débat sur l’âge de départ à la retraite, notamment grâce à l’article 47-1 », insiste Christophe Rossignol.  Cette stratégie du secret a pris la Macronie de cours. Un coup d’autant plus remarquable, qu’au Palais-Bourbon, tout se sait. Mais une fois la PPL connue, le camp du président s’est lâché, à l’image du député Marcangeli (Horizons) qui a tout simplement menacé, fin mai, ses homologues corses de Liot, de gripper les discussions sur l’avenir institutionnel de l’île en cas de vote de la proposition de loi. «  La Macronie a également contacté un à un les députés indépendants pour leur dire qu’il va y a avoir un remaniement et que, s’ils espéraient une place, il leur faudrait lever le pied et ne pas voter la PPL présentée le 8 juin », confie un autre assistant parlementaire.  Si la relative majorité présidentielle semble fébrile, c’est qu’un vote de la PPL avec des députés de droite et certains du parti présidentiel, aurait pour effet de prouver qu’Aurore Bergé, le présidente du groupe Renaissance, ne tient pas ses troupes. « Manipuler l’article 40 pour dégager l’amendement sur l’âge de départ à 62 ans, aurait des conséquences démocratique terribles », prévient Christophe Rossignol. Point de vue partagé par Éric Coquerel, le président LFI de la Commission des Finances, dans une tribune du Monde dans laquelle il estime que la Macronie mettrait « en quarantaine la démocratie parlementaire » et fragiliserait « le droit de l’opposition ». D’autant plus que le retoquage de cette PPL pourrait bien faire jurisprudence. « Renaissance dénonce toute proposition de loi qui coûterait 1 euro supplémentaire, autant dire la plupart d’entre elles », confirme le conseiller parlementaire, qui conclut avec philosophie : « Quelle que soit l’issue du vote, nous aurons contribué à redonner à la vie parlementaire, ses lettres de noblesse. »