Le facteur, celui qui nous apporte bonnes et mauvaises nouvelles, factures ou (trop rares) cadeaux, le compagnon implicite du quotidien de tant de nos concitoyens, est-il vraiment voué à disparaître ? Ceux que nous avons rencontrés ne l’envisagent pas. Nous non plus. Nous avons tous en tête, un Déodat, dans La Jument verte (Claude Autant-Lara, 1959), arrivant toujours à point sur son fidèle destrier, pardon, deux roues. Et l’image de Jacques Tati dans Jour de fête (1949) est imprimée au plus profond de notre cerveau.
Le profit s’accumule, les salariés s’inquiètent
Pas de nostalgie dans nos propos. Le métier a beaucoup changé. La camionnette ou le scooter électrique a remplacé le vélo à la campagne. Vous pouvez toujours demander des services à votre facteur. Mais désormais son employeur vous les facturera. Nous en serons bientôt à attendre la facture pour avoir échangé « le bonjour vous va » avec Déodat. Alors que le profit s’accumule, les salariés s’inquiètent. Les syndicats se coordonnent. Lundi 24 juin, à l’appel de SUD, de la FAPT- CGT, de la CFDT et de la CFTC , un rassemblement a eu lieu à 10 heures devant la direction du service courrier, rue de Tournai à Lille. Une action suivie et accompagnée de mobilisations à Haubourdin, Lambersart, Maubeuge ou Lewarde.
Du fonctionnaire assermenté, assurant avec sérieux et conviction une mission publique prioritaire, allons-nous vers une nouvelle précarité pour ceux qui à court terme seraient employés par La Poste pour « livrer » le courrier ? Une dérive possible depuis la privatisation de la Poste et de France Télécom, dont nous sommes tous témoins des ravages. Une dérive renforcée par l’ouverture à la concurrence faussement libre et non faussée, mais bel et bien organisée pour toucher les dividendes des beaux fruits créés par la volonté politique contre le bien commun.
Pascal Gaillet, secrétaire général de la FAPT- CGT du Nord, est persuadé que l’entreprise La Poste veut faire disparaître les facteurs. « Nous préparons à la rentrée une vaste mobilisation avec les autres organisations syndicales et les usagers » prévient-il. Toutes les instances seront sollicitées pour faire voter des demandes d’expertises sur les risques psychosociaux. Pour le syndicaliste, une bataille se prépare pour le service public et le métier de facteur. Une cagnotte pour soutenir le mouvement est en préparation. C’est vous dire la détermination. Le bonjour vous va [1].