© Franck Jakubek
Mon facteur

La qualité du service avant tout

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 28 juin 2019 à 19:33 Mise à jour le 11 mai 2021

Vincent Rogeaux a trente-cinq ans. Facteur sur le bureau d’Hellemmes, il assure six jours sur sept la tournée sur la commune de Lezennes. Il constate des changements importants dans l’évolution de son métier. Et nous livre le détail de ses journées au service des usagers. Un terme qu’il préfère nettement à celui de « clients » utilisé désormais par l’entreprise La Poste.

Comment êtes-vous entré à La Poste ? J’avais déjà fait quelques CDD plus jeune. Une annonce de Pôle Emploi proposait un contrat de professionnalisation. Je suis contractuel. Il n’y a plus de recrutement de fonctionnaires.

Rêviez-vous d’être facteur ? Non, mais j’ai toujours bien aimé être proche de la population, au service du public, proche des usagers. Des usagers qui deviennent de plus en plus des clients... Je fais en sorte de faire un travail de qualité avant de faire du chiffre.

À propos de chiffres justement, combien d’usagers comporte votre tournée ? Environ 750 foyers, sur une quinzaine de kilomètres. Ma tournée est composée principalement de particuliers et quelques entreprises, des artisans, des commerçants. Toutes les tournées sont normalement calibrées de la même manière. Après, les différences concernent les types d’habitats, linéaires (maisons ou pavillons) ou verticales (immeubles)...

Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts ? Désormais on nous demande de faire des prestations, comme par exemple, des « remises commentées ». Il faut sonner chez la personne pour donner en mains propres ou informer d’une offre. Il peut arriver qu’on nous demande de faire des photos d’une façade ou d’apposer des panneaux pour des syndics. Ce sont des opérations commerciales facturées par La Poste.

Comment le tri est-il organisé ? Le tri général nous prend une vingtaine de minutes par casier et numéro. Nous intercalons ensuite nos plis avec ceux issus des caissettes du tri complet de distribution (TCD). Ce sont tous les petits formats triés à la machine par la PIC de Lesquin. Nous trions à la main les adresses non lisibles, les lettres non normées ou hors gabarit. Nous avons de plus en plus d’objets spécifiques ou de recommandés. C’est en augmentation constante et la charge de travail croît de plus en plus.

Le métier est très physique, vous êtes dehors quasiment par tous les temps, comme en ce moment en pleine canicule ou l’hiver. Comment le gérez-vous ? Je suis extrêmement vigilant sur les consignes de sécurité. Je fais attention, tant au niveau des gestes et des postures mais j’ai déjà des douleurs dans le dos. On s’inquiète car il y a de plus en plus de pathologies, sans moyens mis en œuvre. Je le vois notamment pour les collègues qui ont passé la cinquantaine.... Quand vous savez qu’en plus, le gouvernement veut augmenter l’âge de départ à la retraite...

Comment évolue la distribution ? Le courrier est distribué de plus en plus tard. Souvent en fin de matinée ou dans l’après-midi, même la presse. Pour les usagers, particuliers ou professionnels, ça génère des difficultés. Pour nous également. C’est difficile de gérer vie professionnelle et vie familiale, surtout pour les parents qui doivent s’occuper de leurs enfants. Dans les projets de La Poste, il y a la volonté de séparer la préparation de la distribution. Une manière de préparer le terrain pour la sous-traitance, et d’accentuer la précarité et la pénibilité. Nous faisons en sorte que le courrier soit distribué quel que soit le temps qu’il fait. C’est ça aussi le service public.