> Martine*, policière et Louis*, gardien de la paix

Comment faire comprendre ?

par Franck Jakubek
Publié le 30 avril 2020 à 12:17

> Martine*, policière

« Lors d’un contrôle, d’une voiture à l’autre, le comportement peut changer. Fatigue, énervement, incertitudes... » Martine*, 26 ans, est policière à la police de l’air et des frontières. Son travail, elle le fait avec passion. Elle a décidé d’entrer dans la police à six ans, quand un gendarme l’a félicitée d’avoir pensé à mettre sa ceinture à l’arrière de la voiture paternelle lors d’un contrôle. Elle ne regrette pas son choix même si les missions confiées ne sont pas toujours faciles.

En ce moment, elle travaille de nuit, et même si elle peut être appelée en renfort sur un secteur assez vaste, elle veille aux passages entre la Belgique et la France pour éviter la propagation du virus. Et la délinquance ne chôme pas pour autant. « La hiérarchie est présente sur le terrain et nous soutient. » Masques, gants et gel sont fournis et Martine veille « à ne me mettre personne, ni les collègues, ni moi-même, en danger ».

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« Au début, on était dans l’incompréhension. Les gens ne comprenaient pas que nous portions des masques et pas eux. Les gens disent merci aux soignants, aux enseignants, mais nous, nous avons le mauvais rôle. Alors que nous sommes là aussi pour éviter que les gens sortent à tout bout de champ pour une babiole » explique-t-elle. « Le contrôle est vu comme une sanction alors que nous faisons plus souvent de la pédagogie que de la répression. Comment faire comprendre à une personne contrôlée que le confinement doit être respecté ? C’est humain, ils veulent voir leur famille, ont envie de bouger... » Heureusement, dans son service, « il n’y a pas de merci, pas de félicitations si on met des amendes ». Un service, qu’elle considère comme une deuxième famille aussi, éloignée qu’elle est aussi des siens.

> Louis*, gardien de la paix

« Les syndicats revendiquent, pour toutes les professions, que le Covid soit considéré comme maladie professionnelle. Des collègues sont en difficulté. Comme les masques devaient être réservés aux soignants, on a fait retirer les masques aux collègues, le public n’aurait pas compris. Mais du coup, sur le terrain, ça crée des difficultés pour faire passer le message politique avec en plus un flou artistique sur le plan législatif. Cela crée des tensions avec l’interprétation des attestations et des confrontations qui en découlent. C’est une situation qui peut parfaitement basculer dans certains quartiers, où s’ajoutent des difficultés sociales, de ressources. »

*Les prénoms ont été modifiés.