Le service public se meurt

Éducation nationale. La grande solitude

AU NOM DU FRIC

par Philippe Allienne
Publié le 18 octobre 2019 à 16:05

Le suicide de Christine Renon, le 21 septembre, a déclenché une colère sourde chez ses collègues de l’Éducation nationale, notamment chez les directeurs d’écoles. Directrice de l’école maternelle Méhul, à Pantin (Seine-Saint-Denis) elle a mis fin à ses jours en laissant une lettre à 25 collègues de la ville (voir sur notre site). Elle y explique son stress, sa solitude, le risque de fermeture de classes, le manque d’enseignants, « la perspective de tous ces petits riens qui occupent à 200% notre journée ».

Sa lettre commençait par ces mots : « Aujourd’hui samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée ». En réponse, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé la création d’un comité de suivi pour améliorer le statut des directeurs d’école.

Quelques jours plus tard, le 3 octobre, des centaines d’écoles fermaient leurs portes, partout en France, en hommage à leur collègue, mais aussi pour exprimer leur colère. Ici, dans la région, les directrices et directeurs se plaignent depuis longtemps de la suppression des contrats aidés et des personnes en service civique. Cela a conduit à la suppression des assistants.

À lire aussi : Pompiers.L’urgence d’un vrai dialogue

Colère des directeurs

Résultat, les directeurs et directrices doivent assurer des tâches de secrétariat, l’accueil des parents, des travaux administratifs qui, mis bout à bout, les épuisent et les empêchent de mener leur mission à bien, d’autant plus quand ils et elles assurent de l’enseignement.

En Seine-Saint-Denis, 200 directeurs ont écrit à leur ministre de tutelle pour demander des mesures concrètes et des moyens rapides.

« Ce n’est pas faute de vous avoir interpellé à de nombreuses reprises via nos représentants syndicaux dans les instances, via nos mobilisations du printemps dernier contre les EPSF notamment. [1] Nous sommes en colère ».

Ils réclament l’augmentation significative des temps de décharge en fonction des besoins définis par le conseil des maîtres et la création d’emplois statutaires d’aide administrative à l’école pour des agents formés et en contrat pérenne. Ils reprochent aussi qu’à chaque changement de ministre et chaque nouvelle réforme, ils héritent de tâches supplémentaires. « Nous sommes dans le même bateau » avait considéré le ministre avant ce courrier. Pas sûr du tout.

Notes :

[1La création d’établissements publics des savoirs fondamentaux regroupant école et collège sous l’autorité du principal du collège à laquelle finalement a renoncé le ministre