Colère

La recherche universitaire toujours debout contre le projet de plan pluriannuel

par Nassima AZIZI
Publié le 9 juillet 2020 à 19:49 Mise à jour le 8 septembre 2020

Le déconfinement signe la relance des projets de loi. Le personnel de l’Enseignement Supérieur de la Recherche (ESR) est vent debout contre la loi de programmation pluriannuelle pour la recherche (LPPR). Un projet sur la table depuis près de deux ans, qui devait être examiné en Conseil des ministres ce mercredi 8 juillet.

« Trois ans qu’ils nous crachent dessus. Halte au macronavirus.  » C’est ce qu’on pouvait lire mercredi 8 juillet devant les locaux du CNRS à Lille. À l’heure de la pause-déjeuner, les organisations et sections syndicales de l’Université de Lille s’y étaient retrouvées pour protester contre le projet de plan pluriannuel pour la recherche (LPPR), relancé au niveau national. Gilet rouge sur le dos, masque sur le visage et tracts en mains, Jean-Marc Nicolas, ingénieur dans un laboratoire de recherche, raconte la « frénésie » qui gravite autour de ce texte. « Le projet s’est brutalement accéléré avec le déconfinement. Une instance nationale a siégé pendant 21 heures de suite pour que ce projet passe et pour qu’il ne soit pas retardé.  » L’examen finalement repoussé une nouvelle fois suite au remaniement ministériel, la CGT,le SNUISUP et SUD Éducation Nord en ont profité pour « marquer le coup ». « Cette loi va étendre très largement la précarité dans le monde de la recherche publique. Une précarité qui atteint déjà 40 %. » Un pourcentage élevé qui risque de monter en flèche avec la LPPR qui soumet la recherche française au système du « financement par projet » et qui ne permettra plus le recrutement de fonctionnaires. « La deuxième menace, c’est un dispositif qui permettra à certains chercheurs de devenir immédiatement directeurs de recherche, en passant devant les chargés de recherche qui, eux, attendent une promotion. » Un constat alarmant pour ces chercheurs et chercheuses qui n’ont pas vu leur salaire augmenter depuis plus de quinze ans. « Frédérique Vidal annonce des milliards mais sur dix ans. Pour 2021, il y aura à peine 0,2 milliard de donné, ce n’est rien.  » Pourtant, comme l’a illustré la pandémie, ces ingénieurs jouent un rôle fondamental dans la société. Parapluie au-dessus de la tête, Paola*, enseignante-chercheuse, explique la « perte de confiance » provoquée par le gouvernement. « Même si on se rassemble ça ne changera rien, ils ont gardé la même ministre. Ils maquillent la loi. » La colère est perceptible : « Quand le dossier sur la façon dont ils ont géré l’épidémie sortira, on s’apercevra que les milliers de décès étaient liés à la négligence des professions essentielles. Nous et nos collègues hospitaliers menons le même combat. »

*Les prénoms ont été modifiés.