Centre hospitalier de Tourcoing

La maternité a repris les accouchements

par Philippe Allienne
Publié le 13 mars 2020 à 16:31 Mise à jour le 14 mars 2020

Parce que l’équipe médicale n’était plus en mesure d’assurer la continuité des soins, le Centre hospitalier de Tourcoing avait décidé de suspendre les accouchement de la maternité à partir du 25 septembre dernier. Un peu plus de six mois plus tard, les moyens sont revenus et les accouchements ont repris

« Ce qui est arrivé à la maternité du Centre hospitalier de Tourcoing peut concerner la quasi- totalité des maternités en France ». Isabelle Verin , présidente de la Comission présidente médicale d’établissement (CME) résume en une phrase la situation désastreuse de notre système public de santé. Lors de la conférence de presse donnée pour la reprise totale du service de France, le directeur du Centre hospitalier de Tourcoing, Vincent Kauffmann, a bien confirmé que la longue parenthèse des accouchements était due à des arrêts maladie et des départs des praticiens. Faute de moyens, le service public ne peut plus assurer normalement.

On peut toujours s’interroger sur les raisons d’une reprise (très heureuse) du service. On peut imaginer qu’une prolongation de la fermeture du service, voire la fermeture de la maternité, aurait fait tâche dans une ville dont l’ex-maire, candidat à son retour au fauteuil majoral, n’est autre que le ministre de l’Action et des Comptes publics. Quoi qu’il en soit, les moyens ont été trouvés. Vincent Kauffmann se félicite de la nouvelle équipe qui vient de se constituer autour d’Élodie Clouqueur, la nouvelle cheffe de service gynécologie-obstétrique.

Formée à Paris XI (université de Kremlin-Bicêtre) et ancienne cheffe de clinique au CHU de Lille (de 2009 2011) où elle est revenue, après un passage par le Centre hospitalier de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, en qualité de responsable de l’unité de pathologies materno-fœtales, elle dirige désormais une équipe de cinq docteurs en gynécologie-obstétrique (dont elle-même). Il faut y ajouter les pédiatres (5), sages-femmes (30), infirmières (10), puéricultrices (4), auxiliaires de puéricultures (28), anesthésiste (1) et le personnel administratif, soit une équipe de 105 personnes.

Pendant près de six mois, la maternité a fonctionné (pour les accouchements) avec la collaboration des centres hospitaliers voisins. Il ne restait plus alors qu’un docteur en gynécologie-obstétrique. Trois jeunes autres praticiennes ont été recrutées, toutes anciennes cheffes de cliniques des hôpitaux de Lille formées à l’hôpital lillois Jeanne-de-Flandre. Avec le Docteur Anne- Claire Jambon, qui restait la seule de l’ancienne équipe, une équipe de cinq praticiens a donc permis de relancer l’activité de la maternité et la prise en charge des urgences gynécologiques et obstétriques dès le 2 mars. D’ici la fin de l’année, d’autres recrutements sont programmés pour porter l’équipe entre 7 et 8 médecins.

Le premier bébé, né le 2 mars (à 15h09) s’appelle Edhen. Depuis, 28 enfants sont nés à la maternité du CH de Tourcoing. Celle-ci a même accueilli des mamans d’autres établissements en surcharge, comme celui de Roubaix. Le rythme de 120 accouchements par mois est d’ores et déjà reparti. Mais comment éviter que se reproduise la crise qui vient d’être vécue ? Pour l’équipe dirigeante, cela peut toujours recommencer en raison de la démographie médicale. Entendons le manque d’effectifs. Il suffit d’absences prolongées d’une partie du personnel pour que les problèmes renaissent.

Toutefois, le Centre hospitalier essaie de se prémunir prémunir en repensant le lien entre la maternité et la médecine de ville. « L’idée est de privilégier les suivis de grossesse à bas risque en ville pour garantir une meilleure disponibilité des médecins de l’hôpital afin de répondre aux sollicitations : demande d’avis médical, demandes de rendez-vous. »