Faute de praticiens

On n’accouche plus à la maternité publique de Tourcoing

par Philippe Allienne
Publié le 5 octobre 2019 à 14:34 Mise à jour le 6 octobre 2019

Deux arrêts maladie et c’est la panne d’accouchements. C’est ce qui arrive à la maternité du Centre hospitalier Dron de Tourcoing. Une conséquence cruelle de la crise hospitalière.

Quand on gère les choses de très haut, c’est très facile. Une calculette à la main, les comptes sont rapidement faits et les conclusions vite prises. Par exemple, pour gérer ce que l’on appelle la « crise des urgences », on invite à ne plus composer le 15 pour un oui ou pour un non.

Une maternité rattrapée par la réalité de la crise

Mais à Tourcoing, c’est précisément le 15, c’est-à-dire le numéro du centre de régulations médicales des urgences, que les futures mamans doivent composer en cas d’urgence obstétricale. Parce que la maternité du centre hospitalier Gustave Dron n’est plus en capacité de les recevoir. On ne peut plus y accoucher ! Cela peut sembler aberrant, et d’ailleurs ça l’est. Depuis le 24 septembre, deux praticiens de l’établissement sont en arrêt maladie.

Comme l’effectif est limité à trois... il n’en reste qu’un en état de travailler. Donc, on ferme et on prie les futures parturientes d’aller ailleurs. S’il y a urgence (rares sont les femmes qui choisissent la date et l’heure de l’accouchement...), du personnel est mobilisé et un transfert est mis en place par ambulance ou par le SMUR. Quant aux interruptions volontaires de grossesse, il faut, là encore, aller ailleurs.

Certes, les sages-femmes assurent toujours les consultations et le suivi des grossesses, mais pour le reste… il faut se rendre à Roubaix, à Lille, à Armentières, voire plus loin encore.

Oui mais... une maternité comme Jeanne-de-Flandre, à Lille, est déjà saturée. À Roubaix, le Centre hospitalier le plus proche, les sages-femmes sont en grève depuis plus de deux mois et, là encore, on ne peut absorber les naissances de la ville voisine. Tourcoing, c’est 1 700 naissances par an.

Les futures mamans doivent accoucher ailleurs.

À Tourcoing, les futures mamans sont surprises, décontenancées, voire choquées. Le personnel ne l’est pas moins, d’autant que la maternité détenait le label, depuis plusieurs années, de « L’Hôpital ami des bébés », gage de la qualité de ses services. Il faut dire que dans le passé, elle comptait le double de praticiens. En pleine crise des services d’urgence, et de l’hôpital public en général, voilà le CH Dron plongé dans la réalité du manque criant de personnel.

Craintes pour l’avenir

À la CGT Santé et action sociale du centre hospitalier, on craint une fermeture définitive de la maternité. Dans un tract, elle explique que la direction de l’hôpital assure que « l’Agence régionale de santé (ARS) et le Groupement hospitalier territoire de la métropole lilloise (GHT-LMFI) refusent la fermeture définitive de la maternité de Tourcoing ». Mais, réfléchit le syndicat, «  on ne peut s’empêcher de penser qu’annoncer la fermeture de la dernière maternité d’une ville de 100 000 habitants à la veille d’une élection municipale serait très malvenu pour les politiciens en place...  ». Alors, la CGT appelle à la vigilance.

Dernier point : du personnel de l’hôpital de Tourcoing est appelé, sur la base du volontariat, à travailler au centre hospitalier de Roubaix pour « pallier le surcroit de travail occasionné par les transferts ». En fait, accuse la CGT qui doute de la réalité du volontariat, « nos collègues découvrent qu’elles viennent (...) remédier à un manque d’effectifs dans un service déjà en grande difficulté, situation que dénonce depuis longtemps la CGT du centre hospitalier de Roubaix ».