Covid-19

Vers un traitement pour le Covid-19 ?

par Franck Jakubek
Publié le 26 mars 2020 à 22:01 Mise à jour le 13 avril 2020

Avertissement

Alors que les sommités scientifiques se déchirent, sur fond d’intrigues politiciennes, notre journal ne souhaite pas entrer dans ce pugilat. La polémique n’a pas de sens face au nombre de vies humaines en jeu. Nous invitons nos lecteurs à conserver leur plus grand bon sens pour se protéger et protéger ceux qu’ils aiment et leurs proches. Seul le confinement et les règles d’hygiène pour l’instant permettent de restreindre l’extension de la pandémie. L’automédication est extrêmement dangereuse. Seul votre médecin est apte, en connaissance de cause, à fixer le traitement le mieux adapté au diagnostic établi suivant les protocoles en usage.

Les faits

Le professeur Didier Raoult, à la tête de l’Insitut hospistalo-universitaire de Marseille, a mis au point un traitement à base d’un anti-paludéen de synthèse et d’un antibiotique pour les personnes contaminées au Covid-19. Le monde scientifique est circonspect faute d’études cliniques complètes et solides. Le grand-public s’est emparé de la question dans le contexte anxiogène que nous vivons tous. D’un point de vue scientifique, les effets de ce traitement ne sont pas maîtrisés. Pour un certain nombre de politiques, l’urgence prime face à une pandémie et l’absence totale de remède connu au Coronavirus.

Depuis le 22 mars, à Marseille, les citoyens font la queue pour faire le test pour le dépistage du Coronavirus. Les résultats sont envoyés sous 72 heures par la poste. Ici, les malades identifiés sont traités à l’hydroxychloroquine et un antibiotique spécifique. Le service du professeur Raoult constate une baisse de la charge virale chez les patients. On ne parle pas de guérison mais d’une baisse de virulence. Le 22 mars également l’Institut national pour la recherche médicale (INSERM) a annoncé le lancement d’un test clinique à l’échelle européenne de ce traitement. L’objectif est d’établir de façon scientifique, à partir d’échantillons de populations testées, les capacités réelles et les résultats du traitement sur la double base d’une validation quantitative suffisante et d’un résultat fiable.

Le professeur Xavier Lescure, de l’hôpital Bichat à Paris, le rappelait en début de semaine : « Je crains les scientifiques lorsqu’ils ont des certitudes absolues. » Le même rappelle aussi que les kits de test sont insuffisants et que son hôpital fonctionne en flux tendu. Une bonne part des scientifiques partagent ce point de vue de prudence.« Vu la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous souhaitons tous que le professeur Raoult ait raison »rappelle un médecin.

Entré au sein du comité scientifique à la demande de Renaud Muselier, président de la Région PACA, le professeur a quitté l’organisme de son propre chef le 24 mars. Le public, inquiet à juste titre, se demande pourquoi, si le traitement du professeur Raoult est efficace, il n’est pas mis en place au plus vite. « Ma cousine est pneumologue. Elle travaille en Pologne et ils utilisent l’hydroxychloroquine » témoigne un lecteur.

Test de dépistage et sérologie - c’est-à-dire prise de sang et examen sanguin - ne peuvent pas pour le moment être réalisés à grande échelle. D’abord à cause d’une faiblesse des stocks disponibles de kits de test. Ensuite parce les moyens déployés pour des tests à grande échelle demandent de mobiliser un grand nombre de personnels médicaux déjà bien engagés dans la lutte quotidienne pour la guérison des personnes atteintes.

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Une course contre la montre est engagée entre ceux qui ne veulent pas perdre la face après des (in)décisions politiques et des scientifiques, professeurs ou médecins, qui n’ont pas pu apprécier pleinement les effets de la pandémie, faute de moyens ou d’informations. « Il faut juste ramener de la rigueur scientifique et dépassionner le débat » pense Sébastien, jeune généraliste. Comme les tests ne sont pas encore à l’ordre du jour au niveau national, l’observation des patients est le principal traitement. L’irresponsable Buzyn aura des comptes à rendre après le désastre, c’est certain. Mais nous payons aussi les moyens retirés à la recherche, au profit des laboratoires privés depuis de nombreuses années. Les stocks de masques non reconstitués, la perte de notre autonomie sur le secteur clé de la santé, le nombre de lits insuffisants pour accueillir les malades sont concrètement le résultat de choix politiques.

Le choix du traitement doit rester à ceux qui font les diagnostics, c’est-à-dire les médecins. Encore faut-il leur donner toutes les capacités pour travailler et les moyens nécessaires pour traiter. Et même si le maire de Nice, Christian Estrosi, s’est fait traiter avec succès et recommande son usage, il convient de rester prudent. « Vous savez, un médecin peut devenir un homme politique, mais l’inverse est plus difficile » rappelle un observateur attentif. Un sénateur faisait le même constat auprès du ministre Véran lors du débat sur la loi d’urgence et la transparence du comité scientifique : « Vous ne pouvez pas vous retrancher derrière l’avis des scientifiques. Ce n’est pas à eux de décider si on reporte une élection. » Il y a bien à la tête de ce pays des responsables qui ne veulent pas assumer et qui retardent donc les décisions à prendre. Certes, la peur du procès les anime plus que de servir. Faut-il attendre à un scandale plus rude encore que celui du sang contaminé ?

Comment agit le traitement ?

Selon le docteur Éric Chabrière, qui travaille avec Didier Raoult, « le traitement est l’association d’un antibiotique, l’azithromycine et l’hydroxychloroquine, une molécule hautement utilisée pour la prévention du paludisme. » Les Chinois disent qu’ils ont eu de bon résultats. Une étude, pour partie en anglais et en chinois pour les analyses, a été transmise aux services de l’Organisation mondiale de la santé. « On a rajouté un antibactérien pour éviter le prolifération bactérienne en cas d’infection. Un médicament pas choisi par hasard, car il a des propriétés anti-virales ; premier effet, une baisse de la charge virale spectaculaire en six jours. Le traitement est donné à tous ceux qui sont reconnus positifs au Coronavirus »précise le praticien.