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Ilévia

La CGT soutient un syndicaliste menacé de sanctions

par Philippe Allienne
Publié le 24 mars 2022 à 20:21

Ce jeudi 24 mars, la CGT avait appelé à un rassemblement devant le siège de la société Ilévia, à Marcq-en-Barœul, pour soutenir un syndicaliste chauffeur de bus convoqué par la direction. Il s’agissant d’un entretien préalable pour voie de fait présumée. En réalité, Mohamed Farhi dérange depuis la grève du 2 février (notre édition n°1518 du 4 février).

« Je suis secrétaire du CSE et secrétaire général de la CGT. Il est clair que je gêne la direction. Si elle parvient à m’atteindre, elle portera un coup de semonce aux salariés d’Ilévia. » Chez Ilévia, la société privée (groupe Kéolis) qui exploite le réseau de transports en commun de la métropole lilloise, la CGT est majoritaire. Lors du mouvement de grève du 2 février, avec d’autres organisations syndicales, elle réclamait une revalorisation salariale de 5 % ainsi qu’un rattrapage de 614 euros pour compenser une prime d’ancienneté suspendue depuis dix ans. La CGT se bat aussi pour de meilleures conditions de travail. Au-delà, il y a la négociation annuelle obligatoire (NAO), pour laquelle la CGT avait demandé une ouverture anticipée, et il y a aussi le travail d’expertise que les organisations syndicales représentatives sont amenées à exercer sur la gestion financière, la politique sociale, la stratégie de l’entreprise. C’est là où le bât blesse. « Nous avons posé des questions, demeurées sans réponse, au sujet des orientations stratégiques qui, à notre sens, vont à l’encontre des intérêts de l’entreprise et d’un service de qualité. » En fait, il faut remonter à 2019, l’année des élections professionnelles (en novembre). Cette année-là, Kéolis procède a une réorganisation des lignes de bus qui mécontente à la fois les usagers et plusieurs élus locaux. Il ne faut pas oublier, dit Mohamed Farhi, qu’Ilévia a été choisie par la métropole européenne de Lille (MEL) qui lui attribue une délégation de service public (DSP). « Nous parlons donc d’argent public et de la manière dont on l’utilise. » Précisément, Ilévia appartient au groupe Kéolis et lui rend des compte. Indirectement, Kéolis profiterait de fonds publics. L’entretien qu’a eu le syndicaliste ce jeudi avec la direction peut en rester là ou, au contraire, aller jusqu’à un licenciement. Il est officiellement soupçonné d’avoir frappé un chef d’unité lors du piquet de grève du 2 février. Ce qu’il dément. Mais ses relations avec le DRH seraient au plus mauvais. En tous cas, les revendications et questions de la CGT sont également portées par la CFE-CGC et les organisations non représentatives CFTC, Unsa et FO. La CFDT et SUD (représentatives) ne s’expriment pas jusqu’à présent.