FERROVIAIRE

À Douai et Valenciennes : le TGV, c’est fini ?

par Mathieu Hébert
Publié le 21 décembre 2018 à 11:38

Des élus PCF et la CGT en sont persuadés : la SNCF envisagerait de supprimer ses liaisons TGV vers Douai, ainsi que d’autres dessertes secondaires.

A peine un dossier refermé qu’un autre s’ouvre. Alors que la ligne TER Douai-Cambrai semble sauvée, Charles Beauchamp s’inquiète du devenir de la desserte TGV de Douai.

Charles Beauchamp, élu PCF du Douaisis (Photo archives Mathieu Hébert)

Fini, le TGV à Douai ? C’est ce qui se profilerait, selon le conseiller départemental du canton d’Aniche. « Des informations inquiétantes nous sont parvenues  », écrit l’élu communiste dans un courrier adressé à la direction régionale de la SNCF. « Un scénario serait à l’étude dans vos services qui prévoirait le maintien de la ligne TGV Arras-Paris mais avec la suppression des dessertes Valenciennes-Douai. L’acheminement des voyageurs du Douaisis et du Valenciennois s’effectuerait par des TER entre Valenciennes, Douai et Arras  ».

D’autres élus communistes ont relayés ces mêmes inquiétudes, à l’instar d’Alain Bruneel, député du Douaisis, ainsi que les autres conseillers départementaux communistes du Nord. Il s’agirait d’une décision « contraire à l’intérêt général  », estime Alain Bruneel, qui a interpellé le gouvernement et la direction nationale de la SNCF.

Rien n’est fait, parait-il. « Il est encore trop tôt pour avoir une visibilité sur le contenu du service annuel de 2020  », indique-t-on à SNCF Mobilités. « En ce qui concerne le service TG 2019, qui a été mise en place le 9 décembre, l’offre TGV des hauts-de-France est restée identique à 2018 en termes de fréquences et de dessertes horaires à l’origine et à destination de Paris ».

Alors que des liaisons ont déjà été supprimées par le passé sur Valenciennes et Douai, ou sur Calais-Fréthun, l’avenir des dessertes régionales TGV est régulièrement mis en cause. Souhaitées par les décideurs régionaux, ces dessertes étaient censées dynamiser le réseau régional, à raison d’un coup de pouce financier de la Région, en complément du service de transport ferroviaire régional (TER), que la collectivité doit également assumer. C’est ainsi que des villes comme Dunkerque, Hazebrouck, Béthune ou Lens ont été reliées au réseau à grande vitesse.

Quand la SNCF était une entreprise intégrée, on pouvait parler d’aménagement du territoire

C’est donc un point régulièrement débattu, sinon disputé, entre la Région et la SNCF. C’est le cas actuellement dans le cadre de la négociation de la future convention régionale TER, qui définit les conditions du service pour plusieurs années. Et les récentes réformes du secteur ferroviaire en général et de l’entreprise publique en particulier compliquent aujourd’hui la donne, le tout dans un climat social tendu.

Dominique Sens, de la CGT Cheminots Nord-Pas de Calais (Photo Franck Jakubek)

« Les activités de la SNCF sont désormais séparées dans des entités différentes  », explique Dominique Sens, responsable de la CGT Cheminots dans le Nord-Pas de Calais. « Le TGV dépend de l’activité "voyages" et le TER de l’activité "proximité". Or la direction nationale Voyages estime qu’elle n’a pas à payer pour les dessertes de proximité. Autrement dit, pour maintenir des dessertes de proximité, il faudra payer. Il faudra trouver un équilibre entre le service effectué et le coût. Qui paie quoi ?  », poursuit le cheminot. « Cela devient une usine à gaz. Quand la SNCF était une entreprise intégrée, on pouvait parler d’aménagement du territoire ».

Or, le débat est biaisé, observe Gilles Laurent, de l’Union des voyageurs du Nord (UVN), une association d’usagers des transports en commun : « La Région est autorité organisatrice de transport. Elle est censée dire ce qu’elle veut à la SNCF, qui intervient auprès de la collectivité comme conseiller et exploitant  ».

Gilles Laurent, de l’ Union des Voyageurs du Nord (UVN-FNAUT) (Photo Mathieu Hébert)

« La SNCF peut toujours dire à la Région, ceci ou cela n’est pas possible, ou ça l’est, mais ça représente un surcoût très important  ». Bref, estime Dominique Sens, « Charles Beauchamp a raison de s’inquiéter pour Douai et Valenciennes  ».

Des alternatives existent, qui éviteraient la suppression d’un service très apprécié, avance Gilles Laurent, de l’UVN : « Au lieu de supprimer des lignes TGV avec des trains insuffisamment remplis, on pourrait autoriser les usagers du TER à monter dans les TGV sur la ligne Arras-Douai-Valenciennes par exemple. Cela permettrait, pour la SNCF, de mieux remplir les trains et, pour les usagers, de disposer d’une offre élargie  ». C’est l’une des nombreuses propositions adressées par les associations de voyageurs au Conseil régional. Sans suite pour l’instant.

Dans un simulateur de conduite TGV, à Hellemmes. (Photo archives Mathieu Hébert)