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Transports collectifs urbains

Grève des salariés d’Ilévia sur fond de dialogue social atone

par Philippe Allienne
Publié le 4 février 2022 à 11:42

À l’appel de la CGT, organisation syndicale majoritaire, Ilévia était en grève ce mercredi 2 février. Les salariés demandent une revalorisation salariale qui tient compte de l’inflation et de l’ancienneté. Mais l’exploitant du réseau de transports en commun de la métropole lilloise demeure sourd aux revendications.

Sur les 2 250 salariés d’Ilévia, la société qui travaille en délégation de service public pour la métropole européenne de Lille (MEL), un peu plus de 500 étaient grévistes. Cela peut sembler peu, mais compte tenu de la difficulté pour se déclarer gréviste, et sachant que la CGT était le seul syndicat représentatif à appeler à la mobilisation, le résultat était loin d’être négligeable. C’est ainsi que Mohamed Farhit, secrétaire général de la CGT Ilévia, tire le bilan.

Revendication pour une augmentation de 5 %

« Nous avons lancé cet appel à la demande des salariés », souligne-t-il. FO et la CFTC (moins de 10 % pour eux deux lors des dernières élections syndicales) se sont joints au mouvement. Contrairement à SUD, la CFE-CGC et la CFDT. La CGT est la première formation de l’entreprise avec 51 % des suffrages. Pour se déclarer gréviste, il faut passer par une plateforme internet ou téléphonique. « La direction pourrait fait plus simple », estime Mohamed Farhit. D’autant que les demandeurs ont rencontré de nombreux problèmes de connexion. Simple effet du hasard ? La question mérite d’être posée. Ensuite, il faut tenir compte d’un absentéisme important qui s’explique par l’organisation du travail, les journées de congés ou de récupération. Mais il faut y voir aussi les arrêts maladie. « Ils ne sont pas dus uniquement au Covid, estime le syndicaliste. Les conditions de travail, le rythme, la recherche des gains de productivité en sont la cause récurrente depuis 2011. Le virus n’a fait qu’amplifier le phénomène, il n’en est pas la première cause. » Quoi qu’il en soit, le dossier des conditions de travail n’était pas à l’ordre du jour cette fois-ci. « Nous réclamons une hausse de salaire de 5 %. » Cela vaut pour toutes les catégories : agents de conduite, ateliers, contrôleurs, vente, etc. Sur ces dernières années, la progression des salaires est bien au-deçà de l’inflation (2,8 %). « Cela se traduit par une perte de pouvoir d’achat moyenne de 871 euros sur l’année. Par conséquent, nous réclamons une compensation. » Ce n’est pas tout. La CGT réclame aussi un rattrapage, qu’elle estime à 614 euros brut sur l’année, de l’ancienneté qui n’a pas été payée sur ces dix dernières années. Actuellement, la moyenne des salaires est d’environ 26 000 à 27 000 euros par an, 13e mois et prime annuelle de 1 200 euros brut compris.

Prochaine NAO en février

À l’issue du mouvement du 2 février, la direction d’Ilévia n’a pas répondu aux revendications. « Il faut dire, ajoute Mohamed Farhit, que le dialogue social est au plus bas. Après le mouvement, il est carrément au point mort. Mais pendant ce temps, les salariés subissent de plein fouet la hausse du prix des carburants, de la facture énergétique pour l’habitation, de l’augmentation du prix des produits alimentaires de première nécessité. » Quid de la suite à donner au mouvement ? Le dernier du genre date de juin 2021, à l’occasion de la négociation annuelle obligatoire (NAO). La prochaine était initialement prévue pour fin avril. Mais la CGT a souhaité une anticipation dès février. La direction ne l’a pas informée directement de ses intentions mais elle aurait demandé à ses cadres d’aller au contact des salariés pour les avertir d’une ouverture de cette négociation ce mois-ci. Dans le cadre de la délégation de service public que la MEL a confiée à Ilévia, la collectivité verse annuellement à l’entreprise privée une subvention d’exploitation forfaitaire qui inclut les salaires versés par cette dernière. « Cette subvention tient compte de l’inflation, dit Mohamed Farhit. Mais Ilévia ne la répercute pas sur nos salaires. »