Le long combat pour les transports urbains gratuits

par Philippe Allienne
Publié le 18 octobre 2019 à 16:27

Ce vendredi 11 octobre, les élus de la MEL (Métropole européenne de Lille) ont voté pour la gratuité des transports urbains lors des jours de pics de pollution. C’est une avancée indéniable dans un combat de longue haleine mené notamment par les communistes et la CGT. La lutte n’est pas finie. Si le président de la MEL, Damien Castelain, avoue être toujours opposé à une gratuité totale, il s’est dit prêt à la discussion.

« C’est un premier acquis, analyse Éric Bocquet, sénateur et conseiller communautaire communiste. Il nous reste à aller plus loin pour obtenir la généralisation de la gratuité sans oublier que cela engage aussi la responsabilité de l’État. Cela ne va pas se faire tout seul, mais je suis optimiste. On ne peut plus faire marche arrière ».

Justice sociale

Pour le PCF, « aller dans le sens de la gratuité, c’est aussi rétablir un peu de justice sociale alors que le prix du ticket ne cesse de grimper. » Dominique Declercq, secrétaire de la section du PCF à Tourcoing et conseillère municipale, se souvient du début de sa mobilisation, en 2004, bien avant qu’elle soit élue à la communauté urbaine.

« Ces quinze dernières années, dit-elle, il y a eu une évolution importante de l’état d’esprit. Au départ, la demande de transports gratuits était réputée ne s’adresser qu’à un public pauvre. Aujourd’hui, la donne environnementale est arrivée en force ».

« Entre 1995 et 2001, abonde pour sa part Michel Cucheval, je faisais partie du groupe PCF de la CUDL et de la commission "Plan de déplacement urbain" présidée par Paul Astier, alors maire de droite de Bondues. Il était en effet question de gratuité, mais sous une forme plus restreinte qu’au début des années 2000. Nous avions surtout soutenu, à la Communauté urbaine et au conseil municipal de Lille, l’exemple de la ville de Strasbourg.

Mars 2019 : La préoccupation environnementale est entrée dans le jeu.
© Marc Dubois

La donne environnementale

Pour le reste, nous avions travaillé sur des enquêtes de circulation et sur le projet de tram-train, qui vient d’être définitivement enterré après quelques résurrections. À Strasbourg, poursuit-il, le centre ville était interdit aux voitures et n’était fréquenté que par les véhicules de service (taxi, ambulance, etc.) et le tram. La ville était cernée de parkings relais suffisants, et surveillés. Chaque passager d’une voiture se voyait remettre un aller-retour vers le centre en tram. »

Dans la métropole lilloise, les partisans de la gratuité se sont longtemps heurtés aux élus Verts emmenés par Éric Quiquet, fervent adepte des transports payants. Mais des étapes importantes ont fait évoluer le mouvement : la suppression de la gratuité pour les lycéens, la mise en place de la carte Pass Pass, une nouvelle suppression de la gratuité pour les demandeurs d’emploi et pour les personnes à mobilité réduite. Dernier avatar de la politique métropolitaine des transports urbains : la hausse des tarifs et l’installation de portiques de sécurité très coûteux.

L’exemple de l’agglomération dunkerquoise est aussi pour beaucoup dans l’évolution des esprits. L’aspiration à une plus grande justice sociale et la prise de conscience du niveau de pollution et des risques sanitaires ont fait le reste. La pollution atmosphérique provoque 1 700 morts par an (5 par jour). Dans la métropole lilloise, particulièrement polluée, les personnes les plus fragiles et les quartiers défavorisés sont les plus touchés.

« 17% des enfants de Lille- Sud deviennent asthmatiques », a-t-il été rappelé le 11 octobre, en marge du conseil communautaire. Au niveau national, une mission d’enquête sénatoriale sur la gratuité a été menée à l’initiative du groupe communiste et républicain.

par Philippe Allienne

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par Philippe Allienne