BREXIT

Les ports français incités à jouer collectif

par Mathieu Hébert
Publié le 14 novembre 2018 à 19:34 Mise à jour le 17 novembre 2018

Le chef du gouvernement réunit ses ministres concernés par les questions maritimes dans la cité de Jean Bart.

Grosses boîtes.
Le Seatrade Blue, tout juste baptisé, quitte le port de Dunkerque, le 31 mars 2017. Direction l’Océanie. Du tout venant à l’aller, des kiwis au retour. (Photo Mathieu Hébert)

Neuf ministres, pas moins, participeront ce jeudi 15 novembre à Dunkerque à un Comité interministériel de la Mer (CIMer) autour d’Edouard Philippe, dans les locaux du Grand port maritime de Dunkerque.

Une séquence était envisagée à Calais. Elle a été annulée. Le deuxième CIMer du quinquennat ne sera concentré que sur une matinée.

Sont attendus les ministres des Transports, des Outre-mer, des Affaires européennes, mais aussi les membres du gouvernement en charge de l’Alimentation, des Comptes publics et de l’Intérieur. Formalités douanières, contrôle des frontières, sécurité alimentaire... Autant d’enjeux liés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne qui sera effective en mars.

Le Brexit occupera une grande partie de ce comité interministériel, qui fera aussi le point sur le développement des énergies marines renouvelables et la gouvernance des grands ports maritimes. En clair : « à va-t-on confier les clés ? », résume un acteur portuaire du Dunkerquois.

Lors des Assises de la Mer en novembre 2017, le Premier ministre Edouard Philippe enjoignait les ports du Havre, Marseille et Dunkerque à jouer la complémentarité avec leur environnement (« l’hinterland », dans le jargon de la logistique) et leurs voisins.

Mots doux.
Jean-Marc Puissesseau, président du Port Boulogne Calais, présente à la ministre des Transports Elisabeth Borne le projet d’extension du port de Calais, le 6 novembre : « On a pas mal de sujets à voir avec vous, madame la ministre ». (Photo Mathieu Hébert)

Objectif : jouer plus collectif pour reconquérir le trafic aujourd’hui capté par les ports étrangers.

« Ça ne va pas assez vite »

Dans le nord de la France, la perspective du Brexit incite les ports à y travailler avec plus d’ardeur. « Les Belges ont commencé à parler avec les Britanniques il y a des années. On a dû rectifier le tir auprès de la Commission européenne cet été à propos du corridor Mer du Nord-Méditerranée  », rappelle Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, à propos du schéma retenu par Bruxelles, qui privilégiait les ports belges et néerlandais comme porte d’entrée européenne. Partisan d’une meilleure coordination entre acteurs portuaires régionaux, il les presse : « Ça ne va pas assez vite !  »

Le préfet de Région va dans le même sens. « Il faut quitter cette logique de ports pour aller vers un travail commun », avance Michel Lalande, qui doit rendre un rapport sur « l’axe Nord » au Premier ministre très prochainement. A Boulogne-sur-mer les activités liées à la pêche, à Calais le trafic voyageurs et le trafic roulier, et à Dunkerque l’industrie et les conteneurs.

Autres « ambitions » défendues par le préfet sur l’axe Nord : une démarche client commune (avec les acteurs économiques), une meilleure connexion des ports avec les offres de transport massifié (avec VNF et SNCF Réseau) et penser le tout en lien avec l’axe Seine, via le Canal Seine-Nord notamment.

Le train, l’avenir du camion ?
Une remorque de poids lourd en cours de chargement sur un wagon, sur le terminal ferroviaire du port de Calais. Plus de 8 millions d’investissement public. (Photo Mathieu Hébert)

« Belges et Néerlandais sont capables de travailler ensemble  », observe Jean-Charles Le Gall, président de l’Union maritime et commerciale de Dunkerque, faisant allusion à la récente union des ports de Gand (Belgique) avec Terneuzen et Flessingue (Pays-Bas) dans une même structure. « Nous, nous peinons à travailler au niveau interdépartemental ».

Avec Norlink Ports, la coopération se concrétise pourtant bien entre acteurs des Hauts-de-France. Un exemple : la participation commune aux salons professionnels, ou la mise en place d’un système d’échange de données (cargo community system), auparavant réservé aux professionnels portuaires dunkerquois, désormais ouvert aux Douanes et à tous les acteurs régionaux de la chaîne de transport. « On travaille sur du concret  », résume Benoît Breux, animateur de l’association.

Selon la CCI Hauts-de-France, environ 5500 entreprises, dont 800 sur la Métropole lilloise, sont « très impliquées  » dans les échanges avec le Royaume-Uni.