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Ferroviaire

Ouverture à la concurrence ou à la précarisation ?

par Reyhan Unlu et Joseph Dubois
Publié le 18 juin 2021 à 13:28

Dans la matinée du 14 juin, les cheminots, à l’appel de la CGT, se sont réunis devant le conseil régional des Hauts-de-France, à Lille, afin d’exprimer leur opposition face au projet d’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire.

« Le président du conseil régional doit entendre la colère des cheminots et des usagers » s’indigne Dominique Sens, responsable régional de la CGT cheminots. En effet, l’ouverture à la concurrence de plusieurs lignes SNCF en Hauts-de-France attire les foudres des cheminots qui ont déjà vu 1 000 emplois supprimés en quelques années depuis la promulgation en 2019 de la loi d’orientation des mobilités, dite « loi LOM  ». Alors que la Région Hauts- de-France a déjà lancé l’ouverture à la concurrence de trois lignes (l’étoile d’Amiens, l’étoile de Saint-Pol et Paris-Beauvais), les cheminots craignent un transfert vers les entreprises privées, voire même des licenciements massifs. Ils demandent par ailleurs l’augmentation des salaires et la revalorisation des primes de travail, le maintien de leur statut ainsi que l’organisation de la production pour la relance du ferroviaire. Plusieurs personnalités politiques étaient venues soutenir les cheminots ce lundi. Parmi elles, Alain Bruneel, député communiste du Nord, qui a rappelé la nécessité de « maintenir et développer le service public  ». Héloïse Dhalluin, cheminote et candidate communiste aux élections régionales sur la liste d’union de la gauche «  Pour le climat, pour l’emploi  », est également intervenue. Selon elle, l’ouverture à la concurrence « va induire une destruction massive d’emplois, une précarisation des agents, une hausse des coûts, la disparition des lignes jugées non rentables, de la pollution supplémentaire, de l’insécurité ferroviaire ». À quelques jours du premier tour des élections régionales, les déclarations de l’actuel président de Région ne rassurent pas les cheminots. « Quand j’entends Xavier Bertrand dire qu’il est pro-voiture, ça me fait peur » nous confie Xavier Wattebled, secrétaire adjoint du syndicat CGT des cheminots de Calais, qui craint, à terme, la réduction du trafic ferroviaire, en particulier dans le secteur du fret, au profit du fret routier, une aberration environnementale alors qu’il est aujourd’hui nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or le transport par camion, avec 76 grammes de CO2 émis par tonne de marchandises transportées par kilomètre, s’avère nettement plus polluant que le train, qui lui n’en émet que 14 grammes. Un mouvement national est d’ores et déjà prévu ce mardi 22 juin, devant le siège de la SNCF à Saint-Denis, et un appel à la grève générale dans tous les services a été lancé par la CGT pour le 1er juillet.