Transport-mobilité

Pari gagné sur la gratuité

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 5 juillet 2019 à 11:46

Depuis septembre 2018, les transports publics sont gratuits dans la Communauté urbaine de Dunkerque. Un projet mis en œuvre sur l'impulsion du nouveau maire Patrice Vergriete faisant de Dunkerque la plus grande agglomération d'Europe à mettre en œuvre la gratuité des transports.

Une première étude a été menée par l'Observatoire des villes du transport gratuit, sous la houlette de l'Agence d'urbanisme Flandres Dunkerque (AGUR) et de l'agence VIGS, déjà responsable de la première étude menée en 2017 sur la gratuité partielle du week-end.

Deux mille usagers ont été interrogés par douze enquêteurs, dont dix étudiants de l'Institut du travail social de Grande-Synthe. L'enquête a été réalisée entre le 13 mars et le 30 avril, en semaine, de 7h à 19h30, principalement entre la gare et la place Jean-Bart, les lieux principaux d'interconnexion.

Cette première enquête conforte largement que le choix de la gratuité a un impact largement positif. En terme d'évolution de la fréquentation, avec une augmentation de 65 % en semaine et de plus 125 % en week-end : 50 % des usagers déclarent utiliser les transports plus souvent, 48 % n'ont pas changé leurs habitudes.

Le coût , facteur déterminant pour le choix du mode de transport

Parmi les usagers ayant accentué leur usage, 47,9 % utilisaient auparavant leur voiture pour les mêmes déplacements. Ce qui montre un glissement d'usage favorable pour l'environnement et la circulation ; 14 % se déplaçaient en vélo et 21 % faisaient le trajet auparavant à pied. La marche à pied progresse aussi, effet induit, chez plus de 20 % des usagers. La gratuité est le premier facteur d'augmentation de la fréquentation (84 % des réponses). En second vient l'amélioration du réseau et l'efficacité (37,60%). Le coût est le facteur déterminant pour le choix du mode de transport. Un trajet court favorise la voiture. Avant la gratuité, le coût du ticket était un frein pour les familles nombreuses.

Un autre effet, pour 10 % des personnes interrogés, est l'abandon de la voiture ou le report de l'achat d'un nouveau ou d'un second véhicule dans le foyer ; 21 % utilisent moins leur voiture qu'avant. Par contre, aucun effet réel n'est relevé sur l'usage du vélo. L'attractivité du nouveau réseau est bien confirmé par cette enquête. La hausse de fréquentation est limitée à un moindre usage de l'automobile et une augmentation des déplacements. La moitié des personnes qui ont augmenté leur usage du bus, ont renoncé à leur voiture. L'ensemble de l'étude ayant été réalisé en centre-ville, il reste à évaluer les pratiques dans les zones périphériques parfois moins desservies.

En conclusion, la fréquentation augmente, la marche aussi et l'usage du bus est préféré à la voiture pour plus de la moitié des courts trajets. Seule la pratique du vélo ne profite pas de la gratuité des transports publics. Mais ceux qui aiment le vélo prennent le bus aussi. Et c'est l'essentiel. Qu'attendent donc les autres métropoles de la Région pour agir comme Dunkerque ?