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Énergie

Des éoliennes urbaines sur les toits des immeubles pour faire face à la crise énergétique

par Virginie Menvielle
Publié le 27 mars 2023 à 13:59

Unéole, fondée en 2014 et basée à Ronchin, construit des plateformes hybrides mêlant éoliennes plates et panneaux photovoltaïques. Ces éoliennes hybrides, entièrement fabriquées à partir de matériaux en provenance des Hauts-de-France, sont une vraie alternative aux énergies fossiles.

« Marre des éoliennes. » Les politiques et surtout les habitants des Hauts-de-France ne cessent de le marteler. Pourtant, c’est bien à Ronchin que Quentin Dubrulle a décidé d’installer sa société Unéole, en 2014. Un pari osé. Louis Dubar, le responsable commercial de la société pondère immédiatement : « Nous sommes parfois victimes de la mauvaise presse qui est faite à l’éolien.  » Parfois seulement. Et pour cause, quand on évoque l’éolien, on voit des grands mâts blancs, des pales, qui s’amoncèlent dans nos campagnes. Mais les éoliennes produites par la société de Quentin Dubrulle n’ont rien à voir avec ces grands mâts. Les siennes sont plates et ont des panneaux photovoltaïques qui leur sont adossées. Les éoliennes hybrides d’Unéole ne s’installent pas dans les champs mais sur les toits des bâtiments. Les premiers prototypes ont été montés sur le toit d’une médiathèque à Roubaix, sur celui d’un des bâtiments de l’université de Béthune ou encore au sommet d’un immeuble à Vieux-Condé.

Les éoliennes hybrides en pleine expansion

Les éoliennes d’Unéole sont avant tout urbaines, elles vont par exemple fleurir sur un immeuble de 18 étages en région parisienne. Raison de plus a priori de s’inquiéter des nuisances qu’elles peuvent causer. « On est sur une éolienne totalement silencieuse », conteste Louis Dubar. Il insiste : «  Souvent les habitants aux alentours de l’installation ont peur des vibrations et du bruit. Mais nous avons de très bons retours. Des personnes vont même jusqu’à dire qu’elles trouvent les installations très belles, ou alors qu’elles n’y font plus du tout attention. »

Un complément énergétique

Pour rassurer les plus angoissés, la société Unéole a installé un module de démonstration à Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, pour que les personnes concernées se rendent compte du visuel mais aussi de l’absence de bruit. Et, si les éoliennes d’Unéole ne permettent pas aux bâtiments d’atteindre l’autosuffisance énergétique, elles permettent de fortement réduire la facture d’énergie. En cette période de crise énergétique, Unéole a le vent en poupe. « Avec la hausse des prix, la rentabilité de notre solution s’est fortement améliorée. » Résultat, le chiffre d’affaires de la société a fortement grimpé et la liste des clients s’est allongée. Elle comprend des immeubles d’habitation, des bureaux, des bâtiments industriels et ce dans les Hauts-de-France, mais aussi un peu partout en France. Pour l’heure, le peu de toits plats présents sur les habitations individuelles ne permet pas d’installer les plateformes chez les particuliers, leur coût pour un foyer est aussi trop élevé. Mais les constructions changent et les financements aussi. Unéole envisage par exemple de proposer des tiers-financements par la suite. À suivre, donc...

Des éoliennes « made in Hauts-de-France » Unéole a créé des plateformes d’énergie mixte composées d’une charpente, d’un parterre d’éoliennes qui sont elles mêmes recouvertes de panneaux solaires. Elles s’adaptent sur tous les bâtiments à toit plat de 150 mètres carrés ou plus. Unéole est le premier fabriquant à proposer des éoliennes de ce type et sans doute aussi le premier à autant se soucier de son impact environnemental. Chez Unéole, tous les matériaux sont « made in Hauts-de-France ». L’aluminium vient de Dunkerque, la découpe laser a lieu à Lys-les-Lannoy, la structure est produite à Wimille. L’entreprise fait même travailler le chantier de réinsertion du centre pénitencier de Bapaume pour l’assemblage d’une partie des pièces avant la phase d’assemblage finale qui a lieu au siège d’Unéole à Ronchin.

Paroles

Christophe Coulon

2e vice-président à la Région en charge de la ruralité et de la sécurité

« D’une manière générale, la Région n’est pas contre l’éolien terrestre. Nous sommes contre le trop plein, que 6 % du territoire français concentre 30 % du parc éolien. Ce projet d’éoliennes plates a par contre un intérêt parce qu’il intègre les éoliennes dans des constructions. On est dans une philosophie comparable à celle du photovoltaïque. La crise énergétique que nous connaissons et les conséquences de la guerre en Ukraine nous ont ouvert les yeux. Les énergies bas carbone comme le nucléaire sont une des solutions pour se débarrasser des énergies fossiles. Les éoliennes plates en sont une autre. Je vais suivre leur développement de près, mais il faut quand même faire un calcul de charges, savoir ce qu’elles rapportent par rapport à ce qu’elles coûtent. »

Katy Vuylsteker

Conseillère régionale (groupe Pour le climat et pour l’emploi)

« Pour mener une politique énergétique efficace, il faut un soutien politique. Or, aujourd’hui, l’énergie produite par l’éolien ne peut pas être revendue sur le réseau. C’est donc un frein énorme au développement de ce type de technologies. Et les éoliennes d’Unéole sont une excuse pour la majorité de Bertrand pour dire, on est pour et donc “on n’a pas de problème avec l’éolien”. Là, on reste sur des petits projets d’autoconsommation, et pour que cela fonctionne, il faut que ce soit un projet pensé pour l’accueil de cette technologie. Je ne pense donc pas qu’investir dans ces projets soit la priorité. Pour moi, c’est un peu comme le nucléaire, on est sur des projets trop longs, trop chers. Le vrai plan de sobriété, c’est de commencer par isoler les maisons qui sont des passoires thermiques. »

40 % C’est selon le fabricant, le taux de rendement supplémentaire apporté par leur plateforme mixte par rapport à une solution entièrement photovoltaïque. 170 000 C’est, en euros, le chiffre d’affaires de l’entreprise Unéole pour l’année 2022. Il était de 65 000 euros en 2021. 40 C’est environ le nombre de projets lancés par la société cette année (y compris lancement d’études). Ils se situent à Amiens, Calais, Paris, Marseille, Lille...

Mots clés :

Nord Hauts-de-France