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Amiens se chauffe en énergie naturelle et vise l’autonomie en 2050

par Nadia DAKI
Publié le 17 mars 2023 à 16:21

Vendredi 17 mars, Amiens inaugure son réseau de chaleur. En optant pour la valorisation de la biomasse, la ville mise sur l’énergie renouvelable et réduit ainsi son empreinte carbone.

C ’est un tout nouveau générateur biomasse qui va sortir de terre à Amiens dans les deux prochaines années. Alimenté en ressource forestière locale (mélanges de plaquettes forestières, broyats de palettes), il devrait être opérationnel en 2025 et sera capable de transformer chaque année 28 000 tonnes de matériaux en chaleur. Surtout, il pourra également être alimenté en déchets verts. La chaleur produite sera envoyée dans le tout nouveau réseau de chaleur, déjà alimenté par une première chaufferie biomasse. «  Il y en avait un petit réseau mis en place dans les années 70 par un bailleur et qui fonctionnait au gaz. Nous avons gardé la structure existante et créé un véritable maillage sur une surface d’une cinquantaine de kilomètres en à peine deux ans », explique Florence Rodinger, adjointe au maire d’Amiens au logement et à l’autonomie énergétique. Le réseau est alimenté depuis 2020 à 60 % par des énergies renouvelables et de récupération.

Vers l’autonomie énergétique

Il peut dorénavant raccorder 111 nouveaux abonnées aux 235 existants, soit l’équivalent de 26 800 foyers. En plus du générateur biomasse, le réseau est alimenté par des pompes à chaleur qui récupèrent la chaleur fatale des eaux usées. Les calories sont puisées directement dans les effluents de la station d’épuration d’Ambonne mais également dans les effluents de la station d’épuration de la zone industrielle nord. C’est ainsi plus de 60 000 mégawattheures (MWh) de chaleur fatale qui seront puisés dans cette ressource et valorisés grâce aux pompes à chaleur. « Dorénavant, nous disposons d’un mix énergétique composé de cinq énergies différentes, continue Florence Rodinger. Récupérer des calories qui étaient jusque-là jetées dans la Somme fait sens. » Un projet porté par la municipalité dès 2015. 45 millions d’euros ont été investis. Et la Ville voit encore plus grand. « Nous venons de signer un avenant pour étendre ce réseau de chaleur à 25 kilomètres supplémentaires d’ici 2025. Et même si cela peut sembler laborieux, nous visons une autonomie énergétique totale d’ici à 2050 », précise l’élue. Dans cette optique, une feuille de route vient d’être adoptée en conseil municipal pour la création d’une ferme solaire de 12 hectares d’ici septembre.

Des habitations et des bâtiments publics raccordés

Pour l’heure, les Amiénois raccordés peuvent compter sur une énergie non polluante et intéressante financièrement. « On est compétitif par rapport au gaz car il n’y a pas de fluctuation du prix pour cette énergie renouvelable et de récupération. Cela représente un coût inférieur de 10 à 20 %  », précise Florence Rodinger. Les bénéficiaires actuels sont des habitants de logements sociaux, des bâtiments du service public (écoles, administration, prison) et des copropriétés privées. Et pour ceux ne pouvant pas encore être raccordés, ils bénéficient d’aides pour réaliser des travaux d’économie d’énergie. « Ces subventions proviennent de la redevance versée par la Semop Amiens Energie (voir encadré). Elles s’élèvent à 350 voire 400 000 euros par an. Une autre manière de faire profiter tous les Amiénois du développement du réseau de chaleur », indique l’adjointe au maire.

Première Semop en France

Amiens énergies est la première Semop (société d’économie mixte à opération unique) à voir le jour dans le domaine de l’énergie. À travers un capital détenu à 51 % par Engie solutions, 34 % par la Ville d’Amiens et 15 % par la Banque des territoires, Amiens énergies est délégataire du service public de la chaleur urbaine et assure depuis 2017 la gestion et l’extension de ce réseau

26 800 C’est le nombre d’équivalent foyers qui vont bénéficier de ce réseau de chaleur de la Ville d’Amiens. 268 Gwh C’est la quantité de chaleur livrée chaque année. 41 100 Tonnes de CO 2 évitées chaque année.
Une variété de ressources énergétiques Le mix énergétique est composé de : • 2 chaudières biomasse (8 MW + 4 MW), • 5 centrales de cogénération gaz (27 MWe) en appoint • 1 centrale pompe à chaleur de 13,5 MW sur les effluents de la station d’épuration de l’agglomération • 2 thermofrigopompes sur nappe géothermique • 5 chaufferies gaz naturel en appoint/secours Pour un total 140 MW de capacité de production.

Mots clés :

Somme