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Côté industrie :

Des initiatives existent en industrie, il faut maintenant les généraliser

par Virginie Menvielle
Publié le 7 avril 2023 à 16:03 Mise à jour le 11 avril 2023

Aujourd’hui, certaines entreprises soucieuses de leur impact environnemental décident de travailler autrement pour consommer moins d’eau et surtout la réutiliser. Elles sont toutefois encore peu nombreuses à franchir le cap.

L’industrie en France consomme environ 5 % de la ressource en eau par an, une goutte d’eau par rapport aux 58 % de l’agriculture et aux 25 % liés à l’eau potable. Cette part n’est toutefois pas la même partout. Ainsi, dans notre bassin, l’Office de statistiques de développement durable du gouvernement révèle une bien plus grande utilisation de l’eau à des fins industrielles que sur les autres bassins. Elle représente environ 100 millions de mètres cube et est trois fois supérieure à la consommation des foyers. Cela s’explique par une activité industrielle bien plus importante dans les Hauts-de-France qu’ailleurs et montre aussi l’urgence à s’y intéresser. D’autant que l’eau « propre » utilisée par l’industrie dans ses process de fabrication ressort usée (plus ou moins polluée) et mélangée à de l’eau de pluie. Il y a donc urgence à changer les process afin d’arrêter d’utiliser de l’eau bonne à la consommation courante pour refroidir des machines, par exemple. Certaines entreprises l’ont bien compris et se sont engagées dans la démarche depuis longtemps.

Objectif : 10 % d’eaux usées réutilisées

À Sains-Richaumont (Aisne), l’usine Raffolé fabriquant de la confiture de lait a acheté une machine permettant le recyclage d’eau dans un système de refroidissement. Elle a également inscrit la réduction de l’eau dans sa charte RSE (responsabilité sociale des entreprises). D’autres usines vont dans le même sens, le groupe international Stellantis (basé à Valenciennes) s’est engagé dans la réduction des prélèvements et la réutilisation de l’eau. Dans le cadre du projet « Agissons pour l’eau », Cap Semences et plants à Séricourt va installer une cuve de 20 mètres cube pour récupérer les eaux de pluie issues d’une toiture de 700 mètres carré. La capacité de la cuve permet ainsi d’assurer une réserve en eau d’environ trois mois. Quant à l’usine Häagen-Dazs d’Arras, elle a lancé un projet générant 35 000 mètres cube d’économies d’eau par an. Les travaux sont en cours de finalisation. Ces initiatives, aussi intéressantes soient-elles, restent relativement à la marge. L’industrie doit s’emparer davantage du sujet. Cela passe par une réflexion sur la gestion des eaux de pluie et une réutilisation des eaux usées. Celle-ci pourrait être utilisée sur un circuit fermé au sein de l’usine mais on peut aussi imaginer que l’eau utilisée dans l’agroalimentaire soit récupérée et fournie à une autre usine pour alimenter son process. Ces « eaux usées » sont d’ailleurs au cœur du plan eau présenté par le gouvernement. La France doit atteindre 10 % de réutilisation des eaux usées d’ici 2030. Aujourd’hui, elle n’en réutilise qu’à peine 1 %, ce qui la classe loin derrière l’Espagne et l’Italie, championnes en la matière, qui en réutilisent 14 et 8 %.

Le Dunkerquois, pionnier en matière de régulation de l’usage de l’eau

Le président de la République a annoncé dans son plan eau la mise en place d’une tarification incitative. Les premiers mètres cube indispensables à la consommation seront facturés à un prix proches du prix coûtant puis les tarifs seront plus élevés à partir d’une certaine consommation. Cette tarification incitative existe déjà. La communauté urbaine de Dunkerque la pratique depuis dix ans. Elle a mis en place une tarification en trois tranches. L’eau essentielle qui correspond aux 80 premiers mètres cube, l’eau utile de 80 à 200 mètres cube et l’eau de confort au delà de 200 mètres cube. Cette tarification leur a permis de réduire la consommation des foyers qui est passée à 67 mètres cube par an en moyenne contre 85 pour le reste de la Région et 120 à l’échelle nationale.

Mots clés :

Hauts-de-France