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Énergie

Le bioéthanol est-il une solution écologique pour remplacer les combustibles fossiles ?

par Justine Frémy
Publié le 10 mars 2023 à 16:06 Mise à jour le 27 mars 2023

Depuis le 1er janvier 2019, la Région aide les automobilistes à convertir leur véhicule au bioéthanol E85. Un dispositif reconduit en 2023 pour une enveloppe totale de 900 000 euros.

Ce sont en tout 6 700 foyers qui ont bénéficié de ce dispositif depuis sa création, pour un montant de plus de 2,5 millions d’euros. S’il a connu une baisse au moment de la crise du Covid-19, il est revenu en force en 2022 avec 3 000 aides accordées. Car le bioéthanol a l’avantage de revenir bien moins cher à la pompe que l’essence ou le diesel qui ont récemment connu des envolées. Selon Frédéric Motte, conseiller régional délégué à la transformation de l’économie régionale et président de la mission Rev3, c’est d’abord par volonté de « tout faire pour faire sauter les verrous du retour à l’emploi » que cette aide a été mise en place. Mais elle a un autre objectif, celui de « réconcilier écologie et économie » comme on peut le lire sur le site de la Région. D’origine végétale (ils sont traditionnellement issus de la distillation des sucres contenus dans les végétaux), les biocarburants produisent en théorie moins de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles et les véhicules qui roulent grâce à ce carburant émettent jusqu’à 90 % de particules fines en moins. Pourtant, selon une étude menée par l’ONG Transport & Environnement (T&E) parue le 9 mars [1], « les terres actuellement exploitées pour produire les biocarburants seraient mieux employées autrement, soit nourrir les populations, soit pour séquestrer du carbone ». Un argument balayé par Frédéric Motte qui rappelle que, dans la région, « c’est à peu près 1 000 hectares consacrés au bioéthanol, soit même pas 1 % de la superficie totale [environ 210 000 hectares, ndlr]. » «  Sur cette question ô combien légitime, on n’en est absolument pas là encore » rassure l’élu. Autre incohérence relevée par T&E : « Pour produire la même quantité d’énergie, l’énergie solaire ne nécessiterait que 2,5 % des terres actuellement consacrées aux biocarburants. » « Je ne suis pas si catégorique que ça, je suis persuadé qu’il faut trouver un mix énergétique. (...) On a besoin de tout » répond Frédéric Motte. Néanmoins, rendre leur état naturel à ces terres agricoles permettrait d’économiser près du double des émissions permises par le remplacement des combustibles fossiles par les biocarburants, toujours selon T&E. Reste que, avec la remise en cause par l’Allemagne de l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 et la poursuite de la hausse des prix, le bioéthanol a sans doute encore de beaux jours devant lui.

12% C’est le pourcentage de la production européenne de bioéthanol assurée par les Hauts-de-France, principalement en Picardie, ce qui en fait la première région productrice en Europe.

10 C’est le nombre de sucreries qui transforment le bioéthanol dans la région.

65 C’est, en millions, le nombre de tonnes de CO2 qui pourraient être absorbées si on rendait leur état naturel aux 9,6 millions d’hectares utilisés pour la production d’agrocarburants en Europe.

Mots clés :

Hauts-de-France