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Le plan eau du président Macron fait pschitt

par Virginie Menvielle
Publié le 7 avril 2023 à 16:14

Le président de la République a présenté son plan eau, ce jeudi 30 mars, dans les Hautes-Alpes. Un plan en cinq axes qui est loin de faire l’unanimité. Pour les écologistes mais aussi les experts, il ne va pas assez loin. L’agriculture, pourtant réellement très consommatrice d’eau [1], n’arrive qu’en quatrième position du plan. Et les contraintes qui pèsent sur elle sont plutôt légères. Elle n’aura pas à baisser ses prélèvements pour irriguer les cultures. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, l’a affirmé. Quant aux méga-bassines tant décriées, le président de la République souhaite les généraliser. À l’Agence de l’eau, on évoque d’autres solutions. La directrice de l’Agence de l’eau Artois-Picardie a déclaré : « La plus grande bassine que nous ayons se situe sous nos pieds. » 93 % de l’eau potable du bassin vient de nos réserves souterraines. La question de l’état de nos nappes phréatiques semble donc cruciale, elle n’est pas évoquée par le président. Quant aux économies d’eau, là encore, les experts trouvent à redire. M. Macron annonce 10 % d’économies d’eau d’ici 2030. Aux Assises de l’eau de 2019, le gouvernement s’était déjà engagé à diminuer les prélèvements dans les milieux, les nappes, les lacs, les rivières de 10 % d’ici à 2025 et de 25 % d’ici à 2035. On repart donc en arrière. Autre proposition du gouvernement : la réutilisation des eaux usées pour irriguer les champs ou les espaces verts. Sauf que, selon les experts, cette eau, souillée par nos urines, est trop salée et doit être retraitée avant d’être réutilisée. Une telle transformation aura évidemment un coût. D’autres solutions sont à mettre en œuvre dont l’une d’entre elles est gratuite : utiliser l’eau de pluie. Son usage n’est que peu détaillé dans le plan. Quant à nos masses d’eau naturelles qui sont dans un état critique (un tiers de nos cours d’eau est en bon état dans le bassin, ndlr), elles sont les grandes absentes du plan annoncé. Une proposition retient l’attention, c’est la tarification incitative pour réguler l’usage de l’eau (voir détail page suivante).

Notes :

[1L’agriculture consomme en moyenne 58 % de notre ressource en eau, contre 26 % pour l’eau potable.