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Pollution de l’air : Faut-il supprimer les zones à faibles émissions ?

par Justine Frémy
Publié le 6 mars 2023 à 15:29

Confrontées au principe de réalité, les métropoles qui doivent mettre en place des ZFE n’arrivent pas toujours à les faire respecter quand d’autres les considèrent inutiles voire injustes.

« Les zones à faibles émissions (ZFE) sont une véritable bombe sociale qui pénalise les plus pauvres » a dénoncé Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, sur la matinale de France Info ce lundi 27 février. Il réagissait à la décision du président écologiste de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, de repousser de deux ans - de 2026 à 2028 - l’interdiction des véhicules Crit’Air 2 sur les routes de la métro- pole lyonnaise. À Marseille, quatre élus insoumis réclament la suspension de la ZFE jugée « intenable » pour les ménages modestes sans véritable alternative. Au 1er janvier 2023, 11 métropoles avaient mis en place une ZFE. Deux nouvelles entraient en application ce mercredi 1 er mars - à Rouen et Toulouse - quand d’autres sont en préparation, comme à Lille où l’entrée en application est prévue pour le 1er janvier 2025. Cette mesure, dont l’objectif était de réduire la pollution là où les valeurs limites de qualité de l’air sont atteintes, avait été initiée en 2019 par la loi d’orientation des mobilités, avant d’être étendue à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants dans le cadre de la loi climat et résilience (2021). 45 d’entre elles seront ainsi concernées en 2025. Sauf que, au fil de leur implémentation, des voix s’élèvent pour critiquer cette mesure jugée antisociale. Selon Marine Tondelier, cheffe de file des écologistes, invitée sur France 2 le 28 février, «  les mesures écologiques, ça ne marche pas quand c’est imposé d’en haut, ça ne marche pas quand ce n’est pas concerté avec la population, ça ne marche pas quand c’est injuste socialement. Et dans les ZFE, on a eu malheureusement la combinaison des trois  ». Car, si sur le papier cette idée paraît intéressante, elle pénalise avant tout les ménages les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de changer leur vieux véhicule polluant, malgré les incitations financières, alors même qu’ils sont plus souvent contraints de vivre en périphérie des agglomérations face à l’explosion des prix des loyers en centre-ville. D’autant que la vignette Crit’Air ne prend en compte que l’âge des véhicules, indépendamment de leur niveau de pollution. Selon une étude de Santé publique France, la pollution de l’air serait responsable de 48 000 décès prématurés par an, soit 9 % de la mortalité en France. Pour faire face à ce fléau, une autre solution consisterait à renforcer et développer un réseau de transports en commun accessible à tous.