Ce mercredi 9 janvier 2019 [1], à l’occasion des cent ans de la révolution spartakiste, la projection du documentaire de Marcel Bluwal consacré à Rosa Luxemburg , offrira l’occasion à Dominique Villaeys-Poirré de revenir sur le parcours de cette militante anti-impérialiste et théoricienne du marxisme.
Il y a cent ans, en janvier 1919, la social-démocratie écrasait dans le sang à Berlin le soulèvement spartakiste. Fondateur du Parti communiste allemand (KPD), Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg sont assassinés. L’espoir de l’instauration en Allemagne d’une « République des conseils », s’évanouit.
Spécialiste de Rosa Luxemburg (1871 – 1919), Dominique Villaeys-Poirré [2] évoquera son parcours et ses idées dans le cadre d’un Cinésandwichs proposé par la Ville de Grenay. Originaire du Dunkerquois mais habitant désormais l’Yonne, elle anime un blog consacré à Rosa Luxemburg, et se dit heureuse à l’idée de se rendre « dans une région réputée pour son engagement en faveur de la libération du partisan communiste Georges Ibrahim Abdallah ».
Le refus du nationalisme
L’intérêt qu’elle porte à l’itinéraire de Rosa Luxembourg est ancien. Il remonte aux années 1980. « A l’époque, j’ai découvert L’Internationale, le journal qu’elle a fondé en 1914 et qui ne connaîtra qu’un numéro en raison de son emprisonnement. J’y appréhende son engagement sans faille contre la boucherie de 1914/18. Son refus du nationalisme fera d’elle un des opposants majeurs à la guerre. Pourtant, elle aurait eu toutes les raisons d’être nationaliste, puisque la Pologne dont elle était originaire (elle est née à Zamosc alors sous occupation russe), vivait sous la domination de trois empires », commente-t-elle.
Dominique Villaeys-Poirré se rapproche alors de Gilbert Badia, le grand spécialiste communiste de Rosa Luxemburg. Elle analyse sa conception de l’impérialisme. Un impérialisme « qui se développe, dans les années 1890, au moment même où elle entre en politique », rappelle-t-elle.
Les apports théoriques
Au cours du débat qui suivra la projection du documentaire de Marcel Bluwal qui aurait été censuré lors de sa sortie en 1973, Dominique Villaeys-Poirré compte bien revenir sur le mouvement des « gilets jaunes » en France en l’analysant à l’aune de la révolution allemande de 1918-19.
« Rosa Luxemburg peut apporter des éléments de réflexion », estime celle pour qui l’assassinat de Rosa Luxemburg sonne le glas « de toute la révolution allemande, ne l’oublions pas ». Et la conférencière d’imaginer aussi « pouvoir souligner, dans le foisonnement de ses apports à l’action et à la pensée révolutionnaire, les combats menés par Rosa Luxemburg contre le réformisme au sein du mouvement ouvrier (elle a 28 ans quand elle écrit son premier texte majeur Réforme sociale ou révolution ?), le colonialisme ou encore le militarisme ».
Dominique Villaeyes-Poirré mentionne également « l’incroyable courage personnel de Rosa Luxemburg qui affronte directement le pouvoir impérial, dénonce sans détour le développement impérialiste et la guerre, préconise la grève générale et participe à la révolution de 1905 ; ce qui la conduit cinq fois en prison ». Et de mettre en avant « son universalité qui fait de ses lettres de prison de 1916 à 1918, un inestimable témoignage humain ».