Centenaire du PCF

« Le projet communiste reste d’actualité »

par PIERRE OUTTERYCK
Publié le 11 décembre 2020 à 16:12

Le Monde Diplomatique de décembre 2020 publie un long article de Julian Mischi, auteur de Le parti des communistes, Histoire des communistes de 1920 à nos jours (chez Hors d’atteinte, Marseille). D’entrée, il rappelle la portée historique du Parti communiste : « Dès qu’il vit le jour en décembre 1920, le Parti communiste français revendiqua une place singulière dans le paysage politique hexagonal : celle de la seule formation populaire, dirigée par des gens du peuple pour servir les intérêts de celui-ci. À l’heure où le fossé entre classes dirigeantes et classes laborieuses paraît plus profond que jamais, son histoire est riche d’enseignements. » À côté d’un émouvant hommage rendu par Serge Halimi à Maurice Thorez, Julian Mischi achève cet article par une affirmation riche de promesses : « Le projet communiste reste d’actualité. » Analysant le Congrès de Tours, il ne cite pas les déclamations des leaders parisiens, mais rapporte les réponses des délégués de province. Celles-ci correspondent aux choix des dirigeants de la toute jeune Internationale. Peut-être pouvons-nous regretter qu’en évoquant Froissard, il ne cite pas Marcel Cachin. Ce dernier, quoique moulé dans la gangue de la social-démocratie d’avant 1914, saura s’adapter aux exigences de la IIIe Internationale. Il saura y intégrer les conquêtes du siècle des Lumières et de la Révolution Française. Cette étude est aussi un bel hommage à la capacité du PC - capacité qu’il garde encore au moins partiellement - de permettre à des gens de peu, méprisés par le système capitaliste, de devenir des citoyens à part entière, d’où le bel hommage rendu à Martha Desrumaux. Certes, il persiste à comparer l’attitude de Maurice Thorez et celle du PC Italien, comparaison en faveur de ce dernier. Il oublie l’interview donnée par Thorez au Times en 1945, présentant une voie française au socialisme. Quatre ans plus tard, le PCF n’enverra à Moscou aucun de ses principaux dirigeants lors du 70e anniversaire de Staline ; il sera le seul à faire un tel choix. Nous pouvons le trouver sévère au sujet de Georges Marchais ; dans sa brièveté, son article n’évoque ni Le Défi démocratique ni la réunion du parlement du parti pour discuter des problématiques écologiques - une première en France - ni « la voie française au socialisme » décidée en 1976. Il ne rappelle pas non plus la formule de Georges Marchais, durant l’été 1981 : « Les ministres communistes appliquent la politique définie par le gouvernement, les députés le programme sur lequel ils ont été élus, et les communistes, eux, doivent tout mettre en œuvre pour développer l’action des travailleurs. » L’auteur sait aussi, avec pertinence, émettre des critiques parfois dures, jamais totalement injustifiées sans pour cela jeter, selon la formule populaire, « le bébé avec l’eau du bain ». Évoquant le maire de Stains et certaines pratiques novatrices de rassemblement lors des dernières élections municipales, il perçoit que le parti n’est ni le néant ni la mort ! Riche de toute cette histoire, de cette capacité souvent renouvelée d’être un levain dans les masses, le Parti communiste, pour lui, demeure indispensable afin de réaliser l’émancipation de l’humanité.