UN SIECLE D'IMMIGRATION POLONAISE

Il y a cent ans, l’arrivée des Polonais dans le Nord et le Pas-de-Calais

par Jacques Kmieciak
Publié le 6 septembre 2019 à 17:10

De Marles-les-Mines à Auby, de Grenay à Lewarde, le Nord et le Pas- de-Calais vont vivre au rythme de la Pologne. Au menu de ces prochains mois : des conférences, des concerts, des représentations théâtrales, des spectacles folkloriques, des banquets, des expositions ! Figure emblématique de la Polonia [1] du Nord, Edouard Papalski, le fondateur de l’AEP Millenium de Marles-les-Mines, estime, du haut de ses 90 printemps, « juste et naturel que les enfants, petits et arrière-petits-enfants de l’émigration ouvrière manifestent de la reconnaissance à leurs ancêtres ».

Initiatives multiples

Ancien consul honoraire de Pologne à Lille, le Liévinois Henri Dudzinski entend « marquer une date importante des relations franco-polonaises. Ça fait cinq ans qu’avec l’Institut des civilisations et études polonaises (ICEP), nous travaillons sur le sujet. Au départ, on se sentait isolés voire un peu moqués. Certains considéraient cette convention comme un acte juridique sans importance. Aujourd’hui, je constate un emballement autour de cet anniversaire, et c’est tant mieux ! ».

Il se félicite par ailleurs des initiatives imaginées par des institutions comme le Louvre-Lens, le Conseil départemental du Pas- de-Calais ou le Centre historique minier de Lewarde. Bon nombre de municipalités du Bassin minier (lire aussi : une histoire ouvrière) se sont tout autant engouffrées dans la brèche... Et le succès est déjà au rendez vous ! L’engouement que suscite « Stanis le Polak », une pièce qui relate un siècle de présence polonaise, en témoigne. Au point qu’il est envisagé de prolonger les réjouissances jusqu’en... 2023. Inspecteur de l’ Éducation nationale à la retraite, Pierre Frackowiak estime que « l’Histoire n’a de réel intérêt que si elle permet de comprendre le monde et de préparer l’avenir... ».

Susciter le débat

Auteur d’une biographie sur son enfance liévinoise [2], il entend « faire réfléchir les citoyens sur les questions d’immigration, d’attachement aux racines, etc. ».

Même son de cloche du côté de l’association Les Amis d’Edward Gierek. Soucieuse de mettre en lumière le parcours des syndicalistes et autres militants communistes en proie à la répression d’État et patronale, elle prétend détricoter le « mythe d’une intégration facile des Polonais dans la société française ».

Une thèse largement reprise « par l’extrême droite pour stigmatiser d’autres communautés (maghrébine notamment) coupables à ses yeux de refuser de se couler dans le moule de l’intégration. Or, le processus d’assimilation des Polonais s’est révélé largement chaotique. A la Libération, les retours volontaires en Pologne de 62 000 d’entre eux, le montrent »,estime t-elle. Aujourd’hui,« nous avons assez de recul pour observer ce phénomène migratoire avec sang-froid et objectivité », commente volontiers Henri Dudzinski.

Notes :

[1Ce terme désigne les émigrés polonais et leurs descendants.

[2Quel avenir pour la Polonia. Témoignages et réflexions, par Pierre Frackowiak. Les Éditions Nord Avril