La Caisse nationale d’assurance maladie a lancé une campagne de répression contre les gros prescripteurs d’arrêts de travail. Le médecin est ciblé en fonction de son volume d’indemnités journalières rapporté à la moyenne du département où il exerce. S’ensuit un « entretien confraternel » avec le médecin conseil. Qui peut déboucher sur la « mise sous objectifs », ou la « mise sous accord préalable ». Chaque prescription étant revue systématiquement. Dans un rapport rendu public le 16 mai, la Cour des comptes pointe de nombreuses anomalies dans le calcul des indemnités journalières des arrêts maladie. En cause, « une maîtrise insuffisante de la réglementation par les agents » de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). « Le montant agrégé des erreurs » en 2022 s’élève à 84 millions d’euros. Creusant le trou de la Sécu. Alors, d’abord, ce n’est pas la faute des généralistes si les agents de la CPAM se plantent dans leurs calculs. Le flicage systématique des médecins ne résoudra certainement pas ce problème. Ensuite, il y a une différence entre prescriptions nombreuses et complaisance. Ce n’est pas un secret, on manque de toubibs. Un médecin suit de plus en plus de patients. Il faut s’attendre à une augmentation proportionnelle des prescriptions. Phénomène que risque d’aggraver le recul de l’âge légal de départ à la retraite, on l’a assez dit aussi. Si les salariés avaient des conditions de travail moins pénibles, physiquement et psychologiquement, s’ils subissaient moins de pression en terme de rentabilité, il y aurait moins de troubles musculo-squelettiques et de burn-out qui embouteillent les salles d’attente. Si les gens avaient les moyens de s’alimenter correctement, il y aurait moins de diabète, d’obésité, de cholestérol, et de complications cardio-vasculaires. Combien de maladies pourraient être évitées si les choix politiques des gens qui nous gouvernent étaient différents ?