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Boulogne-sur-Mer : six ouvriers condamnés pour l’exemple

par Alain Etienne
Publié le 14 juin 2023 à 17:14

Les châtiments collectifs sont interdits par des traités, notamment par l’article 3 des Conventions de Genève. Portant d’abord sur des faits de guerre (fusillades d’otages et camps de concentration), ils furent ensuite étendus à tous les aspects de la vie en société. C’est pourtant cette mesure barbare que vient de réintroduire le tribunal de Boulogne-sur-Mer.

Six ouvriers de la Marée étaient poursuivis pour avoir participé à la destruction de véhicules de police et au caillassage des forces de police le 23 mars sur le site de Capécure, de 4h à 7h du matin. Bien que le Président du tribunal ait reconnu que les affirmations de la Police étaient inexactes en affirmant que les prévenus étaient présents à 4h du matin, où ils travaillaient ou venait au travail, les juges les ont considéré coupables d’agression avec armes (des cailloux) par leur seule présence dans la manifestation tout en précisant qu’il n’existait aucune preuve.

Les ouvriers demandaient pourtant pourquoi la Police avait chargé les manifestants sans être intervenue contre les 10 personnes cagoulées qui avaient caillassées les voitures de Police ; pourquoi aucun des enregistrements des caméras de surveillance de la zone de Capécure n’avait été visualisé ; pourquoi les caméras GoPro de la Bac et des CRS étaient toutes soit tombées en panne, soit indisponibles ; pourquoi les policiers affirmaient avoir repéré les accusés dès 4h du matin et les avoir suivis jusqu’à 7h alors que les juges reconnaissaient eux-mêmes que c’était impossible... Des faits reconnus par les juges qui auraient mérité la relaxe, voir l’interpellation des policiers qui avaient menti.

Mais le Président avait prévenu, les ouvriers seraient jugés sur leur seule présence dans un groupe qui avait caillassé la Police. Ca s’appelle un châtiment collectif, pour l’exemple, pour faire peur aux salariés de la Marée. Les commentaires de deux des trois juges lors des auditions étaient clairs quant à leur état d’esprit. Une juge demandait pourquoi un des accusés n’était pas rentré chez lui en voyant qu’il y avait une manifestation ; et le président clôturait la séance en lançant un puissant « s’il y a de nouveaux mouvements sociaux, restez chez vous ! ». Les six ouvriers ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et près de 1.000 euros à verser chacun à chaque policiers plaignant. Voilà des juges qui auront bien mérité des patrons de Capécure et de la sous-préfète de Boulogne.